L'Iran a affirmé hier qu'il ne cédera pas sur son programme nucléaire, malgré les risques de sanctions et les condamnations internationales après la reprise de ses activités de recherche en matière d'enrichissement d'uranium. « C'est une question délicate. Nous ne pouvons pas renoncer à notre droit. Aucun Iranien n'est prêt à y renoncer et ils doivent savoir que nous resterons fermes », a déclaré un haut responsable, Akbar Hachemi Rafsandjani. « Avec sagesse, nous défendrons nos droits, et s'ils nous créent des troubles, ils le regretteront et l'Iran sortira vainqueur » de toute crise, a affirmé M. Rafsandjani, qui dirige le Conseil de discernement, la plus haute instance d'arbitrage politique du régime. L'Iran a repris mardi ses activités de recherche en matière de combustible nucléaire après deux années de suspension, envenimant la crise avec l'Occident. « Depuis la reprise mardi de nos activités, une vague énorme d'agressions injustes des milieux politiques et militaires occidentaux a commencé contre l'Iran », a dénoncé M. Rafsandjani, affirmant que les Occidentaux voulaient en réalité « maintenir l'Iran sous-développé ». Il a de nouveau insisté sur le fait que le programme nucléaire iranien était pacifique et que l'Iran « ne cherchait pas à acquérir l'arme atomique ». Depuis l'élection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, l'Iran semble avoir opté pour une politique de fermeté, voire de rupture avec l'Occident en matière nucléaire. « Notre pays avancera sur le chemin nucléaire avec patience, sagesse et selon un calendrier (...) Aujourd'hui, après avoir fait un premier pas (le 8 août dernier avec la reprise de la conversion), nous faisons le second » en reprenant la recherche en matière d'enrichissement d'uranium, a déclaré le 3 janvier M. Ahmadinejad. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a prévenu lundi que « les menaces de sanctions n'auront aucun effet » sur la détermination de l'Iran, faisant allusion aux menaces européennes d'envoyer le dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'Onu qui pourrait décider des sanctions économiques. Exprimant sa « profonde inquiétude », le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed El Baradei a confirmé mardi que l'Iran comptait procéder à de l'enrichissement d'uranium par centrifugeuses même à des fins de recherches et « à petite échelle », et ce, malgré l'opposition formelle des Occidentaux pour lesquels il s'agit d'une « ligne rouge » à ne pas franchir sous peine de risquer une saisine du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont déclaré qu'ils n'avaient aucun plan pour mener une action militaire contre le programme nucléaire iranien, même si « l'option » militaire reste sur la table, selon le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan. « Si le régime poursuit sur la voie actuelle (...), il n'y a pas d'autre choix que d'en référer au Conseil de sécurité », a-t-il dit. Les pays de la troïka européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne), qui négocient avec l'Iran sur son programme nucléaire, doivent se retrouver aujourd'hui pour décider de la marche à suivre. « Le sujet du transfert du dossier au Conseil de sécurité de l'Onu sera la priorité des discussions avec mes collègues ministres des Affaires étrangères », selon le chef de la diplomatie britannique Jack Straw.