Les travaux de l'autoroute vont retrouver leur rythme de croisière dans la wilaya d'El Tarf», nous a déclaré Ahmed Debbah, directeur du projet Est de l'autoroute, dans un entretien téléphonique qu'il nous a accordé après sa visite dans la wilaya suite à un mouvement de protestation des travailleurs de Cojaal, le consortium japonais qui réalise cette partie de l'ouvrage entre Bordj Bou Arréridj et la frontière tunisienne. Les travailleurs du camp 7 de Cojaal se sont en effet opposés la semaine dernière au transfert des engins de leurs chantiers vers ceux de la zone de Constantine. Motif invoqué: Si Cojaal a trouvé les moyens financiers de poursuivre les travaux à Constantine, elle peut aussi le faire à El Tarf où elle a tout mis en stand-by depuis plusieurs semaines, faute d'avoir été payée, selon les déclarations de ses responsables d'Alger. Des propos réfutés par l'agence nationale des autoroutes (ANA). Le directeur du projet Est justifie le déplacement d'une trentaine d'engins par un renforcement sur l'axe Constantine-Azzaba pour ne pas être piégé par les intempéries qui s'annoncent dans cette zone, où il reste à percer 200 m sur les 2,5 km du tunnel de Djebel Ouach. «Les engins seront de retour dans un mois tout au plus, et à ce moment là, le lot terrassement sera achevé» a encore indiqué A.Debbah. Pour ce qui concerne la rupture de la relation de travail avec près de 2500 travailleurs sur les 2900, l'entreprise japonaise l'explique, selon notre interlocuteur, par le fait que leurs contrats sont arrivés à terme en toute légalité, et qu'il n'y avait pas nécessité de les renouveler dans la situation actuelle. «En tout état de cause, si les travaux reprennent à El Tarf, Cojaal est tenu de recruter du personne national à 70% de ses effectifs, et nous veillerons à ce que ce soit appliqué strictement» a affirmé M. Debbah. Cependant, les travailleurs restent sceptiques sur les assurances qui leur ont été données. Ils sont persuadés que les chantiers d'El Tarf, qui exigent des traitements spéciaux plus mécanisés, ne retrouveront pas le niveau de recrutement d'avant août 2011. Les zones inondables d'El Tarf, plus sujettes aux intempéries que celles de Constantine, sont compressibles à charge, comme on le dit dans le jargon du secteur. Il faut pratiquement creuser dans le sol assez profondément pour replacer l'assise de l'autoroute par de l'enrochement, ce qui explique par ailleurs le fabuleux cadeau de 10 sites de prélèvements fait aux Japonais par le Premier ministre, A.Ouyahia, pour redonner de l'élan au chantier du siècle. Le transfert des engins est en cours depuis quelques jours, mais dans les coulisses de Cojaal, où on ne cache pas que «défendre les intérêts de l'entreprise est placé au dessus de toute autre considération», on estime qu'avec un peu de «baraka», l'autoroute pourra être livrée pour les festivités du 50ème anniversaire de l'Indépendance, mais en aucune manière avant la fin 2011, comme le clame le ministre des Travaux publics.