A qui s'adresse la télévision algérienne ? C'est la question que seraient tentés de poser ses téléspectateurs tant les dialogues des feuilletons paraissent insipides et indigestes, n'ayant aucun lien avec la langue utilisée par le peuple. Les émissions télévisées ne sont guère plus attrayantes. Les invités sont forcés de parler dans un arabe rigide, ce qui donne une allure orwellienne à la télévision algérienne. Que dire du journal télévisé dans lequel on préfère parler de «aids» plutôt que de «sida», alors que ce dernier est plus connu par les Algériens ? Un spécialiste algérien de la publicité nous explique à quel point il est difficile pour les publicitaires de trouver des slogans qui correspondent à la langue que parlent les Algériens. «Nous n'avons pas une langue standardisée. Du coup, l'on se retrouve à utiliser une langue consensuelle, des message d'écoliers utilisant des phrases toutes simples. Parfois, on importe une langue moyen-orientale. Très souvent, les multinationales ne comprennent pas cela», souligne-t-il, précisant que «la crise de la langue» est un frein au marché de la pub. Dans les autres chaînes satellitaires arabes ou maghrébines, il n'y a pas ce rapport complexé à la langue. Les feuilletons turcs et les telenovelas mexicaines sont ainsi doublés dans la darija marocaine. Et cela fait fort longtemps que les Egyptiens tournent leurs feuilletons dans leur langue populaire ; leur succès est tel que lorsque les Algériens tentent de se faire comprendre par les Arabes, ils se mettent à parler… égyptien.