Le gardien du tombeau de Massinissa à El Khroub est âgé d'un siècle. Il est présumé né (par jugement) en 1906. Ahmed Derdouri, c'est de lui qu'il s'agit, habite avec ses fils à la cité 250 RHP (résorption de l'habitat précaire) mitoyenne du cimetière de la ville. Il a vu défiler nombre de touristes nationaux et étrangers ayant visité le monument mégalithique du roi de la Numidie qui date du IIe siècle av. J.-C. Ce site historique est communément appelé la Soumaâ. Ahmed a été incorporé dans les rangs de l'armée française en 1927 et a été rappelé lors de la Deuxième Guerre mondiale en 1940. Fait prisonnier, il a été interné dans le camp de concentration de Montargis (France) avant d'être rapatrié sanitaire en 1942. L'âge avancé de Ahmed, sa défaillance de mémoire, et son état de santé (il est constamment alité) ne nous ont pas permis de l'écouter. Néanmoins, son fils cadet - puisque l'aînée est une vieille de plus de 70 ans - qui l'a toujours accompagné dans son travail jusqu'à sa mise à la retraite en 1985, raconte quelques propos qui ont marqué la vie de son père : « C'était la guerre de 1939/1945 qui revenait dans ses souvenirs ». Pour Ahmed qui assura le gardiennage du monument depuis 1953, sa mémoire englobe plus d'un siècle de lutte pour veiller à la mémoire collective qui subi des mises en cause répétées quant aux origines des Algériens avec leurs langues, leurs cultures et leurs religions, d'autant que le nouvel An berbère (2956) vient d'être célébré.