La déliquescence des mœurs sociales prend racine dans la déperdition scolaire, l'oisiveté et la pauvreté; c'est dans ce sens qu'il faudrait intervenir. L'insécurité en milieu urbain, principalement au niveau du chef-lieu de wilaya, est un sujet récurrent, notamment avec la multiplication des agressions et des meurtres dans la ville. Agressions, vols avec violence ou par effraction, injures, bagarres, tels sont les fléaux qui ravivent le sentiment d'insécurité, de plus en plus ressenti par les citoyens de tout bord. Sortir tard la nuit ou marcher seul, c'est désormais contre-indiqué. Des tronçons routiers, comme le contournement sud de la ville de Jijel, est aussi devenu le lieu de prédilection des délinquants, en quête de quelque automobiliste tombé en panne de nuit. Le mot vigilance est sur toutes les lèvres, surtout après le meurtre inexpliqué d'un jeune de 28 ans la semaine passée. Un crime qui a profondément choqué la population, au point où une rumeur a circulé dans les quartiers faisant état de l'organisation d'une marche de protestation contre l'insécurité, samedi dernier. L'attaque ayant ciblé, dans la nuit de vendredi à samedi, une fête de mariage, a vite relancé le climat d'inquiétude, qui vire subrepticement vers la psychose. Et pour cause ! Il y a lieu de mentionner qu'en l'espace de moins de deux mois, près d'une dizaine de meurtres ont été commis dans la région. C'est pourquoi il est urgent de mettre un terme à cette situation qui aurait tendance à s'installer durablement dans les quartiers de la ville. Les services de sécurité doivent se rapprocher de la population pour mettre de leur côté tous les atouts leur permettant de combattre efficacement les bandes de délinquants qui exhibent, sans la moindre retenue ni peur des policiers, des sabres dignes des gladiateurs. Ces délinquants affublés de sobriquets comme «Papillon», ou encore «Izawa», sont notoirement connus dans le milieu des jeunes. D'aucuns s'indignent que des personnes dangereuses recouvrent très vite la liberté à la faveur des grâces présidentielles. On croit dur comme fer que les pouvoirs publics sont devenus trop indulgents avec les délinquants et se soucient de moins en moins de la quiétude des citoyens. «La paix sociale ne doit pas se faire sur le dos des honnêtes gens», tonne un chef de famille, outré par la recrudescence des agressions. Et il y a de quoi s'inquiéter en entendant les propos d'un repris de justice récemment libéré: «Je dois absolument retourner en prison. Je n'ai ni maison ni travail ni argent de poche. Au moins en prison, je suis nourri et blanchi.» Celui-ci compte d'ailleurs commettre quelque délit pour retourner dans «sa demeure». Bien triste perspective.