L'Association algérienne enfance et famille d'accueil bénévole (AAEFAB) totalise vingt ans d'existence et de prise directe avec le terrain. Autant d'engagement et d'humanisme. L'idée de sa création a germé en 1983. Toutefois, sa constitution officielle n'a été possible que deux ans plus tard, soit en 1985. A cette époque déjà, le mouvement associatif était fortement contrôlé par l'administration, d'où les difficultés de créer et de faire fonctionner toute association, même humanitaire. La naissance de l'AAEFAB, selon son staff directeur, s'inscrit dans un mouvement de développement social. Il s'agit, en fait, de combler un vide né du désengagement de l'Etat. Bien que le service de l'aide à l'enfance abandonnée soit une mission emblématique, les pouvoirs publics n'ont pas accordé une grande importance à ce phénomène. Les hospices et les structures d'accueil étaient inexistants, sinon rares, et l'assistance publique était insignifiante par rapport à l'ampleur du drame. Partant, l'AAEFAB fut, et demeure, une planche de salut. Face à une réalité sociale pour le moins poignante, les missions de cette association naissent, l'une après l'autre. D'une association axée sur les besoins des familles d'accueil et l'aide aux enfants abandonnés et mères en détresse, elle passe, en 2000, à une association qui lutte pour le respect des droits de l'enfant. Le changement dans ses principes fondateurs n'a pas pour autant entraîné l'abandon de ses anciennes missions. En d'autres termes, l'AAEFAB s'échine, toujours, à sauver les bébés en détresse dans les maternités, à apporter une aide aux mères biologiques et à lutter contre les tabous et les préjugés qui entourent ces enfants. La donne sociale lui dicte, à chaque circonstance, de nouvelles charges et de nouvelles missions. Sur le plan éthique, la devise de l'association est sublime : il s'agit de " donner une famille à chaque enfant et non un enfant à chaque famille ". La modicité des aides financières de l'Etat et le climat de violence qui a marqué les années 1990 n'ont pas eu raison de la détermination et de la conviction inébranlables de ses adhérents. A l'heure actuelle, la question financière est la principale préoccupation de cette association, d'autant plus qu'elle a étendu ses activités. Outre les pouponnières de Hadjout et de Palm Beach, elle prend en charge l'abri parental Marhaba et s'est lancée dans la réalisation de l'Institut méditerranéen de la petite enfance dont la réalisation et le fonctionnement des trois premières années sont, en partie, financés par des ONG étrangères. Pourtant, cette association est un exemple de transparence dans la gestion des dons et des aides publiques. Chaque année d'exercice est ponctuée d'un rapport moral, d'un bilan financier et d'un audit établi par un commissaire aux comptes. Aujourd'hui encore, l'AAEFAB oriente sa lutte vers un autre front : l'amélioration du dispositif législatif à travers la kafala. En clair, cette association lutte pour pouvoir inscrire l'enfant adopté sur le livret de famille avec la mention "makfoul". Un groupe aussi soudé, aussi résolu, mérite ce qui coûte plus cher que la considération.