Une évacuation rapide des habitants aux alentours de l'ouvrage s'impose, tant pour la sécurité des personnes, que pour une conduite sans faille de ces travaux, d'une importance stratégique pour la ville. L'immeuble n°16, et juste à côté, la maison n°17, se trouvant accolés à la voûte inférieure du pont Sidi Rached, du côté de l'avenue de Roumanie, sont directement dans la ligne de mire des travaux de restauration menés sur la partie supérieure de ce gigantesque et impressionnant ouvrage. Onze familles sont exposées, à découvert, au ruissellement d'eau et aux projectiles de pierres, -ce que nous avons constaté sur place-, qui échouent sous la voûte, droit sur les deux habitations. Pis encore, les travaux de réfection du pont, engagés le 21 août dernier pour un délai de 70 jours, ont déstabilisé ces deux habitats, au vu des larges fissurations courant sur les murs de toutes les pièces, avec des plafonds carrément effondrés par endroits. Même la fontaine qui les alimente en eau potable a été touchée. «Les gravats pleuvent sur nos têtes, et nous tremblons pour nos enfants, sans compter que des individus jettent sur nous, de nuit, à partir du pont, des canettes de boissons alcoolisées», lance l'une des habitantes avec véhémence. Ces gens qui ne sont évidemment pas contre les travaux de rénovation, soulèvent juste le problème de la sécurité des personnes, contraintes d'occuper les lieux en l'absence d'alternative. L'un d'eux nous dira que des familles habitant un peu plus loin, et donc pas concernées par les nuisances découlant des travaux, ont été inscrites pour le relogement, alors que l'urgence réside plutôt de leur côté. «Nous sommes réellement en danger de mort; faut-il qu'une catastrophe survienne pour que les pouvoirs publics réagissent ?» s'écrie l'une des locataires qui nous ont guidé sur les lieux. Eu égard à la situation qui prévaut aujourd'hui, il faut avouer que l'endroit est largement contre-indiqué pour y résider, car n'importe quelle opération en cours au niveau du viaduc atteint forcément les personnes qui occupent ces logements depuis l'Indépendance. «Les ouvriers menant les travaux n'ont reçu aucune instruction visant à préserver notre sécurité, au point où un bloc qui s'est carrément détaché d'une des colonnes, est tombé droit sur nous ; heureusement que ce jour-là il n'y avait personne; d'ailleurs, la Protection civile en a fait le constat», déplore encore un autre résidant, expliquant que les vibrations provoquées par les engins agissent comme un séisme sur les constructions, surtout s'agissant de très vieilles maisons comme les leurs, qui datent des années 1930. Pour mener à bien ces travaux sur un point aussi stratégique, les pouvoirs publics devraient évacuer au plus vite ces habitants qui risquent de se retrouver purement et simplement ensevelis sous les décombres.