Des chantiers en retard, pas de subvention pour des projets, une totale opacité quant à la question de la pêche du corail, et bien d'autres choses encore, autant de points noirs qui font fuir le poisson ! Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Khanafou, était lundi en visite de travail à El Tarf. Visite qui n'a pas été marquée par une quelconque nouveauté. Les mêmes places revisitées: un projet d'aquaculture en souffrance depuis une quinzaine d'années à la Mafragh, les lacs et leurs sempiternels soucis liés à la nature de leur concession pour 25 ans à un privé avec des conditions désavantageuses pour toutes les parties. Le nouveau port d'El Kala dont on a juré la livraison pour juillet 2009 et qui traîne toujours, et l'ancien port où s'accumulent tous les maux et les fléaux d'un secteur moribond. Ceux d'une corporation qui ne fait pas sa mue vers la modernité parce qu'on privilégie l'affairisme. Au promoteur d'El Batah (Mafragh) qui s'est lancé vaillamment dans l'aquaculture, ce mythe des pêches savamment entretenu par le pouvoir pour ses dépenses faramineuses que n'expliquent pas les faibles performances du secteur, le ministre a reconnu à demi-mot que les projets financés par des dons de dizaines de milliards pour certains d'entre eux sont en souffrance. Il n'y aura plus de subvention. A El Kala, le nouveau port est à 88% de réalisation. Pour paraphraser un élu, c'est un projet qui, comme pour l'autoroute, rebondit lorsqu'il touche les 100%. Le ministre était attendu sur la question de la pêche du corail qui fait et défait la vie des gens de la mer à El Kala. Les scandales et les infractions liés à l'exploitation de cette ressource vitale pour la reproduction des autres espèces de poisson, ne se comptent plus. Ils sont entrés dans la banalité. Des réseaux interlopes se sont tissés autour de la récolte illicite, interdite depuis 2002 en vertu d'un texte qui impose des périodes de repos de 15 ans. Une étude avant a été inscrite et lancée pour déterminer avec plus de précisions l'ampleur des gisements et les moyens les plus appropriés pour les exploiter rationnellement. Cette étude a connu des débuts difficiles pour ne pas dire cocasses et une fin en queue de poisson car selon les anciens exploitants de corail, qui ont été invités en 2010 pour que celle-ci leur soit exposée, elle ne répondait pas tout à fait aux objectifs qui lui avaient été fixés. A l'inquiétude donc des marins-pêcheurs dignes de ce nom qui attendent impatiemment que les pouvoirs publics mettent fin aux ravages causés par les pilleurs de corail, le ministre a répondu que son département réfléchit. Il examine les opportunités de la réouverture de la pêche du corail. «Nous aurons leur réponse lorsqu'il n'y aura plus de corail et de poisson», a encore commenté notre élu.