A l'instar de beaucoup d'autres régions du pays, la wilaya de Mila demeure à la traîne en matière de redynamisation et de vulgarisation de l'alphabétisation. Une problématique à enjeux majeurs qui témoigne paradoxalement du peu d'intérêt accordé par les pouvoirs publics à l'endroit d'une question dont l'importance constitue l'essence même de toute nation aspirant au progrès et à la modernité. Les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) sont on ne peut plus édifiants à cet égard. 33,80% de la population résidante âgée de 10 ans et plus (ménages collectifs et ordinaires), soit 169 522, dont 83% de femmes, sur une population totale de 501 468 sont analphabètes (chiffres actualisés à fin 1998). Lesquels chiffres, et au-delà de l'hémorragie des déperditions scolaires, placent la wilaya de Mila dans une piètre 24e position à l'échelle nationale. Ferhat Boucheffa, directeur de l'annexe d'alphabétisation de la wilaya de Mila, section issue de la restructuration de l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement des adhérents (ONAEA) suite à la promulgation du décret exécutif n°489/79 du 20 décembre 1997, attribue l'efficacité toute relative et la mollesse de la dynamique d'alphabétisation au ratio très insuffisant d'encadreurs (12 postes seulement accordés dans le cadre du préemploi en 2005), ainsi qu'à l'absence quasi-totale de structures pédagogiques adéquates aptes à donner plus d'allant et de succès à la politique d'insertion visée. Il est dès lors utopique, à défaut d'une vision globale réfléchie, de penser avoir emporté le challenge de l'alphabétisation si l'on persiste à s'appuyer sur les deux seules associations nationales Iqra et El Irchad ouel Islah œuvrant à cet effet. Preuve en est qu'au titre du premier trimestre de l'année scolaire 2005/2006, pas plus de 1051 candidats (tous âges et tous sexes confondus) ont rallié les bancs du savoir. Une maigre performance que notre interlocuteur tente à priori de justifier en mettant en avant les incidences du Ramadhan et la campagne de la cueillette des olives qui ont coïncidé avec le premier trimestre de la rentrée scolaire. Dans la même veine, il évoquera les séquelles de la décennie noire et le dénuement des populations rurales beaucoup plus enclines à quêter pour leur pitance que chercher à s'instruire. A en croire les chiffres communiqués, le taux d'analphabétisme à Mila se situe à présent aux alentours de 26%, soit une régression de 7%, mais est-ce une fin en soi ? L'absence d'une stratégie nationale d'alphabétisation dans un pays qui comptait à fin 1998 quelque 7 172 282 d'illettrés sur une population de 28 486 401, l'immobilisme des pouvoirs publics face aux effets pernicieux de ce redoutable fléau et les moyens dérisoires, pour ne pas dire insignifiants, jusqu'ici mis en œuvre, n'incitent à l'évidence nullement à l'optimisme. Et dire que l'adhésion de l'Algérie à la convention de Dakar en 2000 vise, vers l'horizon 2015, la réduction de 50% du taux d'analphabétisme !