Le commerce de la fripe, qu'on avait cru un certain moment révolu, a, depuis les années 1990, repris sa place. Pis encore, il prolifère à tout bout de champ. A son aune, il est aisé de juger le degré de paupérisation auquel est parvenu le citoyen. Aujourd'hui, personne ne s'offusque de faire le marché de la fripe, à la recherche d'un habit encore « portable ». Des hommes et des femmes, accompagnés de leurs enfants, ne se gênent pas de fouiller dans les tas de vêtement, entreposés ici et là sur des étals de fortune. Fini le temps où l'on était fier de ne porter que des habits neufs, les jours de fête ! En les temps que voici, même des personnes exerçant des fonctions libérales fréquentent la place, en quête d'un habit plus ou moins neuf, pour un prix dérisoire. C'est surtout les vendredis et les lundis, jours de marché à Aïn Beïda, que les étals « fleurissent » d'un nombre impressionnant de vêtements. On déballe par-ci des ballots contenant vestes, pantalons, par-là des balluchons renfermant des chemises, des robes, ailleurs, des souliers, des bottes chiffonnés. Là-bas encore, les fripiers étalent des sous-vêtements féminins, des bas, des pulls, tout froissés mais attirant des nuées de clientes, toutes à la recherche du « bijou rare ». Il y en a qui repartent avec un vêtement qui, après un méticuleux lavage, sera porté avec ostentation. En tout état de cause, depuis que se tient le marché de la fripe sur la place de la Palestine, beaucoup de familles parviennent à vêtir leurs nombreuses marmailles à moindre frais. Par ailleurs, une importante frange de la société a pu se soustraire au chômage en investissant le créneau. Il y en a même qui tiennent boutique en ville, proposant des vêtements dégraissés et repassés, mais à des prix parfois excessifs. A l'état actuel des choses, il faut s'attendre à la résurgence des petits métiers d'autrefois, comme celui du rétameur ou du cireur. Chacun cherchant à gagner sa croûte comme il peut.