L'érosion du pouvoir d'achat et les salaires, à l'état stationnaire depuis des années, ne sont pas pour faciliter la vie aux habitants de la bande frontalière, ni à même ceux des plus grandes agglomérations. Les signes de paupérisation sont visibles à travers la majorité des communes deSouk Ahras et les actions sporadiques de prise en charge des couches défavorisées, signalées çà et là, s'inscrivent surtout dans le sillage d'une politique sociale soumise aux noyaux décideurs locaux, dont les grandes lignes sont tracées par organes centraux de décision et timidement mises en application par une autorité frêle à Souk Ahras. A Ragouba, Zouabi, Aïn Soltane, Ouled Driss et bien d'autres circonscriptions, des citoyens crient, lors de chacun de nos passages pour la couverture des sorties des autorités locales, au scandale et laissent entendre que cette formule est soumise à l'appréciation souvent subjective des maires. Au chef-lieu de la wilaya, des bidonvilles poussent comme des champignons à l'approche de chaque attribution. Le cas le plus saillant est celui de ce terrain agricole à proximité de l'entreprise des peintures (UPSA), squatté depuis une année par des dizaines de familles, et où l'on est loin de cerner le problème uniquement dans le camp des demandeurs de logement social. Des personnes à l'abri du besoin et autres, rassurées par certaines accointances, y ont, également, élu domicile. Une tentative de délogement avait failli dégénérer en émeute, il y a de cela une année. En tout état de cause, ce sont 19 000 demandeurs qui attendent, dans un contexte de crise, que soit séparé le bon grain de l'ivraie. Le chômage latent chez une population, où les entreprises publiques et privées dignes de ce nom se comptent sur les doigts d'un manchot, est supporté grâce à la prolifération du commerce informel. « Même ce commerce n'est plus comme avant » a rétorqué un marchand ambulant de la rue Ouarti Abderrahmane. « Il y a plus de vendeurs de fripes, d'ustensiles… que d' acheteurs », a ajouté un autre jeune vendeur, posté à quelques mètres du premier. Même impression chez les employés de certains secteurs vulnérables, tels que la santé, l'éducation et les collectivités. L'érosion du pouvoir d'achat et les salaires, à l'état stationnaire depuis des années, ne sont pas pour faciliter la vie aux habitants de la bande frontalière, ni même à ceux des plus grandes agglomérations. A Sidi Fredj, commune classée parmi les 5 municipalités les plus pauvres d'Algérie, les citoyens subsistent grâce à la vente des combustibles et au troc. « Trouvez mieux et nous cesserons cette activité que nous savons illégale et contraire aux intérêts de l'économie nationale », a déclaré un chauffeur de taxi clandestin lors d'une enquête journalistique. Au chef-lieu encore, la consommation de drogue, la mendicité, les vols et l'escroquerie sont des phénomènes que l'on tente de banaliser à coup de discours pompeux empruntés à une ère révolue. Le plus vieux métier ne se pratique plus, pour des raisons de rentabilité, dans les quartiers malfamés, mais en pleine rue de l'ALN. Le front social, on en parle surtout pour doper les enveloppes budgétaires ou pour la quête des voix. Pour le reste, on prévoit des sièges éjectables.