La sebkha d'Oran a constitué, des années durant, un véritable casse-tête, pour ne pas dire un cauchemar, pour les différents responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya d'Oran, par « les effets pervers » qu'elle génère sur l'équilibre écologique de la région. L'Agence spatiale algérienne et le Centre national des techniques spatiales d'Arzew ont initié un travail de recherche scientifique basé sur l'étude du milieu physique de la plaine de la M'leta. Cette étude a consisté en l'élaboration d'une base de données hydrologiques de photos satellites prises à intervalles réguliers afin de surveiller l'évolution ou l'extension supposée de la grande sebkha. L'interprétation préliminaire de toute cette base de données hydrogéologiques a permis, non seulement de remettre en cause toutes les hypothèses avancées jusque-là sur cette région, mais surtout de mieux décrire la zone d'étude, de déterminer sa nature hydro-climatologique et un ensemble d'interprétations et de conclusions édifiantes. En effet, la sebkha d'Oran, qui s'étend sur une superficie de 56 870 ha (type de zone humide : continentale R. Critères de Ramsar : 6), se trouve à proximité du djebel Murdjadjo et de la chaîne montagneuse de Tessala. Non seulement elle se caractérise par l'absence de toute végétation, mais se trouve submergée une bonne partie de l'année d'une eau fortement minéralisée qui atteint parfois les 100 g/l de salinité. Cet état de fait a causé une baisse importante de la productivité des terres agricoles limitrophes de la région, surtout celles de Messerghine. Les techniques nouvelles utilisées à l'occasion de ce travail, tels l'imagerie satellite et les systèmes d'information géographiques (SIG) ont permis de décrire, d'une manière numérique, l'ensemble des paramètres intervenant dans le fonctionnement de la sebkha. On relèvera : « La dépression salée dite sebkha d'Oran est de type endoréique et est donc un exutoire du bassin versant portant le même nom. C'est un bassin qui reçoit toutes les eaux des oueds du bassin versant. La dépression endoréique d'Oran, comme toutes les sebkhate, est un lieu d'évaporation intense, accélérée par les phénomènes éoliens caractérisés par des vents fréquents dans cette région. Les volumes d'eaux des oueds qui démarrent des monts des Tessala (sud de la sebkha) drainent des formations géologiques du Trias (formation de l'ère secondaire) riches en sel. Ces volumes n'arrivent pas directement à la dépression endoréique, car la topographie de la partie sud de la sebkha empêche un ruissellement normal et ce à cause du caractère plat de la plaine de la M'leta. » Et d'ajouter : « Ce caractère plat freine l'écoulement des oueds et les volumes d'eau qui devaient se jeter dans la dépression, soit ils s'infiltrent, soit ils s'évaporent avant leur arrivée à l'exutoire (sebkha). Cela entraînera la salinisation des terres agricoles et la salinisation de la nappe phréatique. » Par ailleurs, l'analyse chimique des sources d'eau situées au sommet du mont Murdjadjo montre un taux de salinisation relativement élevé. Ensuite, il faut noter que la faille récemment cartographiée par télédétection au niveau de Brédéah a certainement un rôle hydrogéologique sur la salinisation de la nappe phréatique de cette région. La tendance improductive des terres agricoles constatée aux alentours de la sebkha a été accélérée par l'irrigation effectuée avec des eaux chargées en sel. Enfin, il faut noter que l'étude piézométrique de la nappe phréatique de cette région montre que l'écoulement de la nappe se fait du nord au sud : autrement dit du Murdjadjo vers la sebkha. En conclusion, l'ensemble de ces éléments susévoqués montre que la sebkha - en tant que dépression - n'a pas de rôle moteur dans la salinisation des terres du bassin versant de la grande sebkha d'Oran. Cela étant dit, ces phénomènes ont été attribués « sur la base de théories contradictoires et non fondées », dans un passé récent, par les services techniques agricoles de la wilaya d'Oran à une extension de la grande sebkha, ce que l'étude de l'ASAL et du CNTS non seulement réfute totalement mais elle prouve tout à fait le contraire. A chaque visite officielle, surtout à l'occasion des déplacements à Oran des différents ministres des Ressources en eau qui se sont succédé ces dernières années, les responsables de ce dossier au niveau local avancent des propositions et des projets pour l'exploitation de cette plaine, tels le drainage, la création d'un parc naturel et la mise en valeur de la grande sebkha. Cependant, le travail effectué par le CNTS conclut : « De tels projets, non seulement engendreraient des coûts importants pour leur réalisation, mais risquent de rompre l'équilibre écologique de la région. » En tout état de cause, l'étude s'est attaquée par une explication scientifique et détaillée aux différentes étapes et processus de formation de la salinité, des effets de cette dernière et enfin des différentes options et propositions. Cependant, elle lève le voile sur la grande supercherie qui laisse croire que la grande sebkha menace la ville d'Oran et conclut : « La grande sebkha d'Oran n'est pas en voie d'extension. Elle n'est que la manifestation d'un processus final des phénomènes de salinisation communs à tous les bassins endoréiques en climat semi-aride. »