«Une ville belle, sûre et moderne», voilà le visage qui devait orner la nouvelle métropole de Chlef après le violent tremblement de terre qui avait frappé cette région en 1980. C'est le modèle qui a été unanimement arrêté à l'époque par les aménageurs et urbanistes en charge de la reconstruction de la Ville. Or, à l'opposé de la forme d'orientation urbanistique que préconisaient les spécialistes en question, l'agglomération a pris une dimension telle que le paysage est devenu laid, incomplet et contraignant pour la mobilité des citadins et passagers. Passons sur la qualité des travaux et les normes de construction. Ce qui frappe surtout le visiteur, c'est l'extension anarchique des constructions, la désorganisation du transport public, la saturation du réseau routier et la prolifération du commerce informel. Le centre-ville offre plutôt le visage d'un lieu sans âme ni fonctionnalités adaptées, au point de ressembler en tout point à un véritable souk. Il n'y a évidemment pas de vie culturelle ni de services d'accompagnement, comme les marchés couverts, les parkings, les centres de santé, les aires de jeux et les espaces publics dignes de ce nom. Les ex-Asnamis ne se reconnaissent plus dans ce qui fut jadis «l'une des plus belles cités du pays», tant celle-ci a perdu tous ses repères, sa beauté et son charme d'antan. Elle a été, pour ainsi dire, clochardisée à outrance, surtout après les évènements tragiques qu'a connus le pays. Force est en effet de constater que rien n'a été fait par les pouvoirs publics pour réhabiliter cette région martyre qui a beaucoup souffert des catastrophes «humaines et naturelles» depuis 1980. Le sentiment qui prédomine évidemment au sein de la population est celui de «l'abandon». On évoque avec amertume l'absence d'une réelle volonté politique pour éliminer les stigmates des drames qui ont frappé le chef-lieu de wilaya.