El Meridj, distant d'une quinzaine de kilomètres du chef-lieu de la commune d'El Khroub, était une ferme du colon Body durant l'occupation française cernée par quelques gourbis autochtones, une zone céréalière avec ses jardins et ses retenues collinaires pour l'irrigation des cultures maraîchères. Elle tire son nom de Oued Lemridj qui prend sa source de Djebel Ouahch, le plus haut point culminant de Constantine. La route sinueuse est bordée d'un paysage paradisiaque dans la forêt qui abrite un site de plaisance visité par des familles et surtout par les amoureux qui viennent éclore leurs ébats avec toutefois la peur au ventre d'être surpris et pourchassés par les éléments de la gendarmerie. C'est au lendemain de l'indépendance, plus précisément vers le milieu des années 1980, que les habitations de type autoconstruction ont commencé à pousser. Actuellement, il y a environ 600 maisons, dont 20 acquéreurs seulement possèdent leur acte de propriété. L'anarchie règne dans le foncier. Un acquéreur habitant a osé détruire une trentaine d'arbres pour délimiter un lot de terrain. L'affaire a été traduite devant le tribunal par l'organisme chargé des forêts. Les habitants de Lemridj ont versé leur tribut pendant les années de braise. De 1993 à 1997, beaucoup de paisibles citoyens ont été assassinés par le terrorisme islamiste. Ce site boisé, qui se distingue par les randonnées d'épanouissement des personnes aspirant à la modernité, a suscité l'acharnement des groupes terroristes. Ainsi ce paradis terrestre a été transformé en enfer. Le 15 février 1996, sept personnes furent égorgées et leurs têtes coupées et exposées à la face des habitants. C'était une zone conquise par les terroristes avant que les habitants ne se décident de prendre les armes pour assurer leur propre défense. Les habitants de ce hameau situé à la porte d'entrée du chef-lieu de la wilaya de Constantine revendiquent le gaz de ville, l'eau et la régularité du transport et de l'électricité. « La conduite de gaz se trouve à El Gammas à 3 km à vol d'oiseau », nous confie un habitant bien au fait de l'état critique de son agglomération rurale dépourvue de toutes les commodités. Les quelques rues sont dans une dégradation avancée et sont exposées aux eaux pluviales que les malfaçons de la pose des avaloirs (obstrués) aggravent le risque d'affaissement et d'inondation des maisons bâties sur un versant de la colline occupée par les exploitations agricoles collectives (EAC). En dépit des réserves d'eau utilisées aussi pour l'irrigation à partir des cinq retenues collinaires, les deux tiers de la population sont privés de ce précieux liquide. Les citoyens s'abreuvent à partir des sources où de puits qu'ils forent eux-mêmes. Le transport constitue un calvaire pour la population, particulièrement les élèves scolarisés. Les lycéens sont contraints à parcourir à partir du lieudit 4e Km plusieurs kilomètres pour rejoindre l'établissement d'Ahmed Bey, situé à Mansourah. Quant aux collégiens qui fréquentent l'établissement de Benchicou (lotissement des gens aisés), « ils sont dépaysés et complexés par l'opulence et les signes de luxe de leurs camarades qu'ils n'arrivent plus à continuer leur cursus scolaire », affirme un parent d'élève démuni qui fait remarquer que « le taux de la déperdition scolaire est très élevé dans cette contrée ». Contrairement à ce qui a été avancé par le président de l'APC (FLN/RND/ El Islah) d'El Khroub au sujet de la réfection des écoles lors de sa conférence de presse, il ressort que « deux salles de l'école primaire Haroum Mohamed Rédha sont sinistrées et les murs de clôture menacent ruine », note un habitant qui nous a fait visiter les lieux. Tout en infirmant les propos du maire (FLN) relatifs à la construction du siège de la garde communale et de l'aménagement du terrain de football non homologué par la ligue régionale (LRFC). La contribution du tout récent club, la JSM, a mobilisé autour d'elle les jeunes marginalisés pour les dissuader de rejoindre le camp de la délinquance « n'a pas convaincu les élus à valoriser la subvention (550 000 DA) qui nous est octroyée contrairement aux clubs (USK et CSK) qui perçoivent 3 000 000 DA chacun », raconte un dirigeant qui s'insurge contre « cette discrimination récurrente observée par toutes les successions d'élus qui nous perçoivent uniquement comme des voix dans l'isoloir », ajoute t-il. Ces habitants sont à la recherche d'un peu de lumière d'autant que les coupures d'électricité sont trop fréquentes.