- Cette fois encore, des malades cancéreux ne sont pas soignés, car le service de radiothérapie est fermé pour «maintenance». On a du mal à croire que l'on parle du plus grand centre de prise en charge des cancéreux en Algérie… C'est normal. Les deux simulateurs sont en maintenance pour trois semaines. Une maintenance indispensable pour tout l'équipement. Ce qui n'est pas recevable, c'est qu'on donne des rendez-vous aux malades pour juin 2012, selon les capacités actuelles de traitement. Cela demeure grave d'un point de vue médical et cancérologique. Quand un malade finit la chimiothérapie qui suit l'acte chirurgical, nous avons un délai maximum de six semaines pour commencer la radiothérapie, pour éviter le risque de récidive. Mais avec le rythme actuel, nous faisons de la médecine vétérinaire pour ne pas dire de la médecine légale. - Concrètement que faut-il faire ? Quelle est la solution urgente qui s'impose ? Concrètement et tout de suite pour régler le problème des 20 000 malades sur le territoire national qui sont en instance de traitement sur les 28 000, il faut envisager une évacuation à l'étranger. - Est-ce vraiment possible ? Il y a des possibilités dans d'autres pays que la France où la radiothérapie est disponible à des coûts moins élevés. Cette caisse est le bien de tous les Algériens qui cotisent à l'insu de leur plein gré. - Qui empêche une telle prise en charge ? Des demandes ont-elles été envoyées au ministère ? Que vous répond-on ? C'est la sécurité sociale algérienne. Nous avons demandé des prises en charge pour des malades qui n'ont pas de radiothérapie. Ils nous ont répondu non, hypocritement en expliquant que les soins se font en Algérie. La CNAS, qui me prélève 33% de mon salaire sans demander mon avis, a, aujourd'hui, la charge de prendre en charge ses assurés. Et quand j'entends l'un des responsables de cette caisse parler du ministère de la Santé comme étant le seul responsable de ce problème de cancer, cela me fait mal au ventre. Le ministère du Travail, qui n'a pas d'autres arguments techniques à nous donner, doit savoir que le ministère de Santé n'est pas impliqué dans ce problème. En attendant que la radiothérapie soit performante, d'ici 2014, et en attendant les 57 accélérateurs pour mettre l'Algérie aux normes internationales, il faut envoyer les malades à l'étranger. Personnellement, j'ai envoyé des malades au Maroc, en Turquie, en Tunisie et je l'assume. Il ne faut pas détourner le problème. C'est un problème de la République et pas seulement du ministère de la Santé. Et ce n'est pas tout : la nomenclature des actes professionnels et la tarification des actes datent du siècle dernier. La sécurité sociale qui a le monopole de l'assurance des travailleurs rembourse à un taux ridicule. Celui qui devrait être épinglé, c'est surtout le ministère du Travail avec lequel son homologue de la Santé négocie depuis quinze ans sur cette problématique sans aucun résultat. - Cette absence des traitements lourds et la pénurie de médicaments se répètent chaque année et d'une manière cyclique. N'est-il pas possible de trouver une solution définitive ? Pour le problème de pénurie de médicaments, le ministère de la Santé a bien compris la situation. Il s'agit de dysfonctionnement dans la gestion, l'apprivoisement et la distribution. Le ministère s'engage à régler la situation d'ici la fin de l'année. - Si on comprend bien, le CPMC n'est pas du tout responsable de cette situation… En tant que structure, le centre n'est pas responsable. De plus, je tiens à dire que quand nous demandons les moyens, nous demandons également à être évalués pour expliquer notre rentabilité.