Ecrire un livre sur les péripéties ayant conduit à la création d'un musée illustre on ne peut mieux la place de la mémoire dans l'esprit des gouvernants, de ceux qui détiennent le pouvoir décisionnel. Cette mémoire, ce patrimoine que nous devons protéger en le conservant, en le restaurant afin de le léguer aux générations futures, pose problème dans la société algérienne. La librairie Mauguin, lieu devenu quasi mythique, a offert son espace au docteur Barkahoum Ferhati, architecte, diplômée en histoire et civilisations, chargée de recherches et professeur à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger afin de mieux expliciter « les étapes de la création laborieuse d'une institution qui cherche encore ses repères dans un pays en mal de son passé » ainsi qu'il est écrit dans la postface. Adoptive Bou Saâda Un jeudi après-midi retrempant les présents dans la chaleur « fraternelle » de Bou Saâda, ville natale de l'auteur et d'adoption de Nasr Eddine Etienne Dinet, peintre allant jusqu'à demander dans son testament à être enterré dans cette ville où il avait décidé à s'y installer définitivement en 1904. Vœu exaucé en 1930, année du centenaire de l'occupation de l'Algérie. Bou Saâda, ville du « bonheur », sut attirer nombre d'écrivains, de peintres, d'artistes et avait été érigée ville touristique dès 1912. Le musée consacré à cette ville et au peintre a pu voir le jour en 1993 pour être en partie brûlé deux années après, en 1995. La causerie au niveau de la librairie fut essentiellement axée sur la place du patrimoine dans le vécu quotidien des citoyens, son importance pour les responsables à tous les niveaux ; la genèse portera même sur les enjeux historiques ayant décidé du choix du chef-lieu de la wilaya M'sila à la place de Bou Saâda comme cela a été le cas pour Oum El Bouaghi à la place de Aïn Beïda et des encouragements, surtout financiers, afin d'ériger le musée et racheter quelques toiles éparpillées un peu partout à travers le monde en attirant l'attention sur l'importance de la ville visitée par nombre de touristes et transformée en simple bourgade aujourd'hui. La docteur Ferhati rassura cependant les présents sur les efforts accomplis et aboutis dans l'inventaire précis des œuvres de Dinet, leur état et les lieux où elles se trouvent. Elle encouragera, comme M. Khelifa, directeur du patrimoine au niveau du ministère de la Culture, la création d'un musée à Blida, ville où le patrimoine tombe en déliquescence.