Chercheurs universitaires, cadres de l'Etat, militants associatifs et simples citoyens jaloux de leur histoire se sont retrouvés jeudi, à Batna, à l'occasion d'une journée d'étude consacrée à un monument archéologique qui renferme plus de 2000 ans d'histoire du peuple amazigh. Daté de 3 à 4 siècles av. J. C., le tombeau du Medghacen est considéré comme le plus important et le plus ancien témoin encore vivant de l'architecture berbère préromaine. Il aurait été érigé comme sépulture d'un roi Massyle, considéré par les historiens, y compris par Ibn Khaldoun, comme le patriarche des Berbères. La journée d'étude, organisée à l'initiative de l'association des Amis du Medghacen, a été marquée par des interventions captivantes et d'un débat passionnant. D'abord une mise au point sur la prise en charge des centres anciens en Algérie a été faite par Nabila Cherchali, sous directrice de la conservation et de la restauration des biens culturels immobiliers au niveau du ministère de la Culture. Cette introduction a été complétée par l'universitaire, Moussa Khelil, qui a su mettre en perspective le monument en question dans la protohistoire, soulignant la rareté d'informations sur cette période dans l'Est algérien. L'assistance découvrira une mine d'informations sur le tombeau à travers l'intervention de l'enseignante architecte, F.-Z. Bahloul Guerbabi qui a présenté l'état des connaissances sur le Medghacen, suivie d'une étude descriptive et analytique préparée par Hassina Aïnouche, conservateur au ministère de la Culture. Le public en saura plus sur les monuments funéraires contemporains du Medghacen et du type d'habitation de la population berbère de l'époque grâce à la communication donnée par Ouafia Adel Zerarga, chercheur au centre national de recherches archéologiques (CNRA). Les nombreuses questions adressées par le public, lors du débat qui a suivi, ont tourné autour des connaissances qui font défaut sur l'histoire de nos ancêtres berbères. L'assistance s'est intéressée aussi à l'actualité du monument qui se trouve dans un état de dégradation avancé (il fait partie des 100 monuments les plus dégradés dans le monde), sachant qu'une tentative malheureuse de restauration a été engagée en 2003 par la direction de l'urbanisme et la construction, avant d'être abandonnée sur recommandation du département de Khalida Toumi. Le directeur de la culture de Batna annoncera à ce sujet que la première phase d'étude pour la protection et la restauration du Medghacen a été achevée et attend la validation de la tutelle, pour entamer les étapes suivantes. Des bureaux d'études étrangers pourraient décrocher le projet, a-t-il laissé entendre. Est-ce l'aube d'une nouvelle ère pour le Medghacen ? Probablement, si l'on croit les nombreux signes de bonne volonté de la part du ministère de tutelle et la sollicitude de la société civile qui fait preuve davantage de pertinence dans son action. D'ailleurs, l'activité qui s'est étalée sur trois jours s'est achevée par la tenue du 2e Marathon international du Medghacen qui vise, entre autres, à faire revivre le monument.