Sur la route de Constantine et � 27 km de Batna, une plaque de signalisation indiquait autrefois : Imedghassen, ruines romaines. H�las, depuis, cette plaque n�existe plus, et elle n�a jamais �t� remplac�e. Sur la route qui m�ne vers la da�ra de Chemora, nous apercevons la silhouette ronde d�un grand monument qui domine la plaine, c�est le plus ancien mausol�e royal de l�Afrique du Nord. Cette empreinte mill�naire de notre histoire semble �tre condamn�e aux affres, aux agressions de tous genres et � l�abandon. L�histoire d�un roi et d�un tombeau mill�naire Sous sa forme typiquement berb�re, le tombeau d�Imedghassen est une r�alisation architecturale d�une forme cylindrique surmont�e d�un c�ne form� de gradins, il fait 59 m de diam�tre et 18,50 m de hauteur, ce qui le distingue �norm�ment des bazinas (petit tombeau) qu�on rencontre en Afrique du Nord et qui ne d�passent pas un m�tre de haut. Le tombeau est habill� d�une mani�re sobre qui rappelle la civilisation carthaginoise, avec 60 colonnes doriques surmont�es d�une corniche dont la gorge est typiquement �gyptienne. C�t� est, un dallage forme un avant-corps en partie rev�tu d�un enduit pourpre ; le lieu, et selon les sp�cialistes, �tait r�serv� � la pratique des cultes. L�analyse de l�architecture du monument et les datations au carbone effectu�es il y a une trentaine d�ann�es ont permis de faire remonter sa construction au d�but du IIIe si�cle avant J.-C. L�histoire laisse quelques variations des noms, mais la consonance reste la m�me. Medghous, Medghis, mais Imedghassen semble �tre l�appellation la plus juste, car elle refl�te le nom des rois et chefs massyls qui se terminent par la lettre �n� msnsn (Massinissa) ygyrthn (Jugurtha) ygmrsn (Yaghmourasen), etc. Aussi, sachant que la mise en �uvre des moyens humains et mat�riels, ainsi que le savoir-faire technique employ� d�passent les capacit�s d�un individu quelconque ou d�un groupe social restreint, l�Imedghassen n�a pu �tre que la s�pulture d�un puissant monarque, selon le sp�cialiste de la pr�histoire, G. Camps : le rep�re chronologique, la situation du mausol�e dans l�air de la mouvance de la dynastie amazighe des Massyles permettent d�identifier le tombeau comme �tant celui d�un anc�tre du roi Massinissa. Des travaux de r�novation abandonn�s� Or, ce tombeau se trouve dans une situation dramatique apr�s les pr�tendus travaux de restauration effectu�s par un bureau d��tudes charg� de l�intervention, qui a quitt� les lieux voil� plus de trois ans. Depuis, le vestige est livr� � lui-m�me, comme il l�a toujours �t� depuis plus de 25 si�cles, sauf que, maintenant, le mausol�e est �ventr�, ce qui facilite la p�n�tration de l�eau et du coup acc�l�rer acc�l�rer sa d�cr�pitude. Le mausol�e berb�re Imedghassen, consid�r� par les sp�cialistes comme �tant l�une des premi�res tentatives pour l��dification d�un Etat en Afrique du Nord, fait encore parler de lui, sauf que cette fois, c�est un SOS qui est lanc�. La tr�s respectable association mondiale World Monument Watch, dans un de ses r�cents document et rapport classait ce monument ainsi que celui de Massinissa (la souma� d�El-Khroub, Constantine) parmi les cent sites les plus menac�s au monde, sachant que les deux vestiges ne sont pas class�s patrimoines de l�humanit�, pour la simple raison qu�aucune demande n�a �t� formul�e dans ce sens. Un constat datant de 2005 fait �tat que �dans le cadre d�une prise globale du monument (Imedghassen) la wilaya de Batna avait fait appel � un bureau d��tudes (Atelier 3 dimensions) pour lancer l��tude de sa restauration. La premi�re phase d�intervention consistait � lancer des travaux d�urgence pour sa protection : freiner le processus de d�gradation et assurer la s�curit� de l��difice et de ses alentours imm�diats. La mise en place d�un escalier provisoire, le d�gagement et la consolidation de l�entr�e des galeries sont les principales mesures qui ont �t� prises. Le monument est en l��tat actuel hors de danger, le gardiennage est assur� et la galerie est ferm�e�. Risque d�effondrement Or, ce provisoire mis en place risque de durer. Le gardiennage n�est plus assur�, les escaliers en bois et les pellicules en plastique ont subi les affres des intemp�ries ; il n�y a sur place que des plaques qui indiquent des travaux, sans pr�ciser le d�lai de r�alisation. L�association Imedghassen (non accr�dit�e) n�a pas attendu longtemps pour prendre attache avec des institutions universelles, entre autres l�Unesco, pour voir les possibilit�s de regrouper les moyens afin de sauver le tombeau. L�entreprise est louable, citoyenne, mais les moyens font terriblement d�faut, seul l�Etat peut assumer un tel chantier. Un devoir de m�moire est imp�ratif, surtout que cet ancrage historique n�est pas imprim� en timbre, ni enseign� � l��cole, ni sauvegard�. Il est temps de le faire en commen�ant par demander son classement.