La grève de deux jours à laquelle a appelé la coordination intersyndicale de l'éducation nationale a été, selon les représentants de cette dernière, largement suivie dans toutes les wilayas du pays. Les syndicats des travailleurs de l'éducation situent autour de 80% le taux de suivi de la grève durant la journée d'hier. A Béjaïa - si l'on se réfère aux chiffres approximatifs donnés par les responsables des syndicats -, le débrayage a été suivi à 100%. A Alger, il aurait été de plus de 65%. Annaba a, quant à elle, affiché un taux de suivi de plus de 60%. Ces chiffres ne font, cependant, pas l'unanimité. Du côté du ministère de l'Education nationale, où une cellule de crise a été installée, le ton était plutôt à l'optimisme, car, de l'avis des responsables, le mouvement de débrayage a enregistré un taux de suivi qui n'a avoisiné que les 21%. M. Khaldi, secrétaire général au ministère de l'Education nationale, a illustré ses propos, avançant lui aussi ses statistiques. Il indiquera, à cet effet, que le taux de suivi de la grève était de 25% dans les lycées, 24% dans les collèges et 13% dans les écoles primaire. S'agissant de la capitale, le taux de suivi n'était, selon lui, que de 16%. En revanche, il a reconnu que la grève a été massivement suivie à Béjaïa (80%). « Nous nous attendions à ce faible taux de participation parce que nos enseignants sont très conscients et vigilants. Ils respectent les lois du pays et les décisions rendues par la chambre administrative de la cour d'Alger ordonnant l'arrêt de la grève », dira M. Khaldi. Celui-ci a tenu à rappeler à l'égard des grévistes que le ministère de l'Education nationale est une institution qui respecte la réglementation et, par conséquent, elle appliquera la loi dans sa stricte rigueur. « La circulaire adressée à tous les établissements scolaires sera mise en application. Les enseignants qui prennent part à une grève illégale subiront des ponctions sur salaires et ceux qui abandonnent leur poste de travail n'auront pas la prime de rendement. Nous procéderons de cette manière, ainsi que le dicte la loi », a encore expliqué notre interlocuteur. Pour leur part, les responsables des cinq syndicats formant la coordination intersyndicale ont refusé, hier, de s'étaler sur la grève. Ils se sont réunis dans l'après-midi pour évaluer les résultats de leur action et réfléchir sur l'avenir de leur mouvement. Ils prévoient d'animer, aujourd'hui, une conférence de presse pour rendre compte des détails de leurs actions. « Nous préférons connaître d'abord les estimations du ministère de l'Education nationale avant de rendre publiques nos informations », dira M. Bekhouche du Sete, avant d'ajouter : « Dans l'ensemble, nous sommes très satisfaits des résultats obtenus. » La grève, selon les échos qui nous sont parvenus des différentes wilayas du pays, a été, a-t-il dit, massivement suivie. « La majorité des établissements scolaires ont été obligés de fermer leurs portes, renvoyant ainsi les élèves chez eux. D'autres écoles ont opté pour la garde des enfants », a-t-il affirmé. M. Bekhouche a relevé que « c'est la première fois que les travailleurs de l'éducation tout corps et paliers confondus ont adhérés largement au mouvement de grève ». « Le ras-le-bol s'est généralisé. Les travailleurs du secteur de l'éducation revendiquent un changement radical. Ils veulent tout simplement vivre dans la dignité et avoir une vie décente. Ils veulent se débarrasser de leur misère et être considérés comme des êtres humains qui ont pour mission de former l'élite de demain », a déclaré un autre responsable syndical. Notons, par ailleurs, que la coordination UGTA de la wilaya d'Alger, regroupant plusieurs collectifs syndicaux, dont le porte-parole est M. Badaoui, a exprimé à l'intersyndicale sa solidarité dans sa lutte pour la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs du secteur de l'éducation.