Belle et nette victoire, dimanche soir, au deuxième tour des primaires socialistes l François Hollande, qui représentera le Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2012, a mené la campagne des primaires sur le thème de l'«Homme normal qui veut devenir Président», à l'opposé du président «bling-bling» et du rassemblement de la gauche pour «gagner en 2012». Paris De notre correspondante La victoire de dimanche est le fruit d'un long et patient travail de celui qu'on qualifiait de «personnalité sympathique mais sans charisme». En effet, pour incarner une stature d'homme d'Etat, François Hollande a travaillé sa stratégie, son programme, son discours mais aussi sa forme physique en suivant un régime amaigrissant. Dans son livre Le Rêve français, sorti le 25 août aux éditions Privat, François Hollande démontre comment il entend rendre vivant «le rêve de progrès, d'égalité, de justice, de partage, de force collective et de destins individuels». Il s'agit de «refuser cette fatigue sociale, cette fatalité économique, ce discrédit moral» pour «replacer le ‘rêve français' au cœur de la société». Ce rêve, dit-il, c'est «celui qui fait que chaque génération a la perspective de vivre mieux que la précédente». «Je veux le rendre à nouveau possible et vivant.» Etat, sécurité, justice, pouvoir, école, université, rapport au monde, projet européen, etc., il détaille ses convictions, insistant sur ses thèmes de prédilection – l'importance de la jeunesse, la nécessité d'une «révolution fiscale» – et promettant de réformer par la «démocratie sociale». François Hollande, selon lequel les Français «s'indignent de la dérive des pratiques de la République, des conflits d'intérêt, des connivences et des passe-droits», y redit aussi sa conception d'un Président «normal». Dans une enquête de personnalité politique Viavoice pour Le Nouvel Observateur de cette semaine, 72% des sondés considèrent François Hollande comme quelqu'un qui «trace son chemin dans la durée». Ils le jugent aussi «attentif aux autres» et «humble». Fils d'un père médecin et d'une mère assistante sociale, François Hollande, âgé de 57 ans, député de Corrèze a été premier secrétaire du Parti socialiste pendant dix ans (1997-2008) mais jamais ministre. Il a été conseiller de François Mitterand, proche de Jacques Delors et de Lionel Jospin. Militant socialiste depuis 1979, il a livré sa première bataille électorale à 26 ans face à Jacques Chirac dans son fief corrézien d'Ussel, en 1981. En 1988, il est élu député de Corrèze à Tulle, dont il est toujours le représentant à l'Assemblée. Avec l'Algérie, François Hollande souhaite une relation durable A la veille d'une visite en Algérie fin 2010 à l'invitation du FLN, François Hollande nous affirmait (le 6 décembre 2010), qu'entre la France et l'Algérie, pays qui lui est très proche, il souhaitait la construction d'une relation durable, au delà de la conjoncture politique et du pragmatisme.«Ma visite est d'abord fondée sur l'amitié, mais c'est aussi un témoignage de fidélité, une préparation de l'avenir. Ce voyage est l'occasion de dessiner les perspectives d'avenir dans lesquelles la coopération entre nos deux nations peut être utile à nos deux peuples. Au-delà de la conjoncture politique, je m'intéresse à l'amélioration durable de la relation entre la France et l'Algérie.» Et sur la question sensible et actuelle du passé : «J'ai toujours condamné, de manière claire et ferme, le passé colonial de la France et des puissances européennes. Notre pays n'a rien à redouter de porter un regard lucide et authentique sur son histoire... Beaucoup de temps a passé depuis la fin de la guerre d'Algérie. Nous allons célébrer, en 2012, le 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Certaines blessures de la mémoire sont cicatrisées ; d'autres restent vives. Nos deux pays partagent un patrimoine culturel commun d'une richesse exceptionnelle. Il est temps de l'investir pour les générations futures.» Et à l'hebdomadaire Jeune Afrique : «Je souhaite que les choses soient dites. (…) Nous devons être dans une relation de confiance mutuelle et dans la construction de projets communs. Tant de liens humains, culturels et économiques nous unissent.» Dans Jeune Afrique aussi, François Hollande estime que l'Algérie doit faire «un double effort de progrès démocratique et de justice économique, par le biais notamment d'un partage plus équitable de la rente pétrolière et gazière».