Alors que l'organisation de défense des droits de l'homme, Amnesty International, a appelé hier les nouvelles autorités libyennes à ouvrir une enquête sur la mort pour le moins controversée du leader libyen déchu, Mouammar El Gueddafi, pour voir s'il n'y pas eu un cas de «crime de guerre», les dirigeants du CNT ont annoncé leur intention de former un gouvernement de transition dans huit mois. Celui-ci devrait intervenir après la mise en place d'un congrès national. Après l'élection du congrès national, nous commencerons à élaborer une Constitution puis nous formerons un gouvernement par intérim afin de gérer les affaires de l'Etat jusqu'à ce que les élections présidentielles se tiennent», a déclaré, à ce propos, Mahmoud Djibril, chef du comité exécutif du CNT, lors d'une réunion du Forum économique mondial qui s'est tenue samedi à Amman. M. Djibril conditionne toutefois la réalisation de cette feuille de route par la restauration préalable de «l'ordre» dans le pays. Bref, il s'agit maintenant pour les Libyens de relever le défi de la paix et de la reconstruction d'un pays, le leur, complètement dévasté et dénué d'institutions. Pour l'ancien conseiller économique de Mouammar El Gueddafi, une telle mission, pour qu'elle soit couronnée de succès, nécessite avant tout l'amorce d'un processus de réconciliation nationale et le désarmement de la population. «Pour le moment, restaurer la stabilité et l'ordre, enlever les armes de la rue et entamer un processus de réconciliation nationale sont en tête de l'ordre du jour du CNT», a indiqué M. Djibril. Toutefois, il prévient que «cela ne sera pas facile à mener dans la mesure où il y a tant de groupes armés dans le pays». L'OTAN se retirera le 31 octobre La question des armes inquiète d'ailleurs tellement que la Russie envisage de présenter, demain, un projet de résolution aux Nations unies, visant à sécuriser les stocks d'armes. «Nous souhaitons que ce projet de résolution passe dans le courant de la semaine prochaine», a annoncé hier l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vitali Tchourkine, qui a ainsi fait part «des inquiétudes de la Russie quant à la situation en Libye en raison de la présence et de la circulation de grandes quantités d'armes, dont des lance-roquettes qui peuvent faire l'objet de trafic». Sur le terrain purement militaire, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé vendredi soir que l'Alliance atlantique allait mettre fin à son opération militaire en Libye le 31 octobre prochain. Les représentants des 28 pays membres de l'Alliance atlantique à Bruxelles ont conclu, en effet, «un accord préliminaire» pour mettre fin, le 31 octobre, à l'opération maritime et aérienne qui avait débuté le 31 mars en Libye, a-t-il déclaré à la presse. Le conseil de l'Alliance se réunira de nouveau en début de semaine pour formaliser cette décision. Mais pendant ce temps, les troupes de l'OTAN ne resteront pas les bras croisés puisque «jusqu'au 31 octobre, elles vont surveiller avec attention la situation et garder la possibilité de répondre à des menaces contre les civils». Mais au-delà du 31 octobre, l'OTAN «n'a pas l'intention de maintenir des forces armées dans les environs de la Libye. Ce sera une fin nette», a précisé M. Rasmussen. A signaler que plusieurs pays participants, dont la France et le Royaume-Uni, ont prôné une certaine prudence avec le maintien d'une partie du dispositif, le temps que la situation se stabilise et que le CNT libyen soit en mesure d'assurer la sécurité sur l'ensemble du territoire. Depuis le début de l'intervention, dirigée depuis une base de l'OTAN près de Naples (Italie), les appareils (avions, hélicoptères et drones) de l'Alliance ont, rappelle-t-on, effectué plus de 9600 missions dites «offensives» sur un total de plus de 26.000. Plusieurs pays arabes, tels que le Qatar ou les Emirats, ont participé à cette mission, la première de l'OTAN à être menée dans la région. De son côté, le CNT a prévu de proclamer aujourd'hui la «libération» de la Libye.