Au cours d'une réunion avec l'ensemble des membres du gouvernement, dans son quartier général à Ramallah, le président palestinien, Yasser Arafat, a réussi, hier, à convaincre son Premier ministre Ahmad Qorei de retirer sa démission. Qorei avait présenté sa démission le 17 juillet, après une série d'enlèvements sans précédent dans la bande de Ghaza, illustrant un état de manque de sécurité personnelle dans les territoires palestiniens. Les kidnappeurs qui étaient des membres de groupes armés, inconnus avant le déclenchement de l'Intifadha en septembre 2000, avaient exigé des réformes au sein des services de sécurité, ainsi qu'une lutte au plus haut niveau contre la corruption devenue un véritable fléau qui ronge l'Autorité nationale palestinienne. « Le président Arafat a refusé (ma démission) et j'obéirai à sa décision », a affirmé M. Qorei aux journalistes à sa sortie de la réunion. « J'espère qu'à présent, nous pourrons travailler ensemble », a-t-il ajouté. Le président Arafat a accepté de céder à son Premier ministre certains de ses pouvoirs sur les services de sécurité. Ajoutées à celles de la rue palestinienne, le président Arafat est soumis depuis longtemps à de fortes pressions de la part de la communauté internationale, afin que son Premier ministre jouisse de véritables pouvoirs. Ce qui semble une fin de crise a été le fruit d'une médiation d'un comité du Conseil législatif palestinien, qui avait auparavant critiqué Qorei, en l'accusant de n'avoir rien fait de concret pour acquérir les pouvoirs que lui garantissent les textes de la loi fondamentale voté par le CLP en 2002. Arafat avait nié samedi tout conflit de prérogatives avec son Premier ministre, dans une déclaration à la presse. « M. Qorei a mon entière confiance et il n'y a aucun problème en ce qui concerne les prérogatives », avait-il déclaré, ajoutant : « J'accepterai tout ce que demandera M. Qorei, mais il ne m'a pas présenté jusqu'à présent des demandes spécifiques. » Selon le ministre de la Communication, Azzam El Ahmad, la loi fondamentale amendée et adoptée par le CLP en 2002, qui fixe les responsabilités du gouvernement et de l'Exécutif, sera mise en application et garantira ainsi le contrôle du législatif sur l'Exécutif. Parmi les décisions annoncées par M. Qorei, figure « l'activation d'un plan de réformes de l'Autorité palestinienne présenté par le CLP ». « Il sera demandé au procureur général de traiter toutes les questions concernant les affaires de corruption, et d'accélérer les procédures d'enquête sur ces affaires », a-t-il ajouté. « L'adoption du projet de loi définissant les champs d'action des différents services de sécurité intérieure sera accélérée », a encore dit M. Qorei. Sur le terrain, une nouvelle agression israélienne contre la région de Chedjaiya, à l'est de Ghaza, s'est soldée par la mort de deux Palestiniens, dont un militant du Hamas et la blessure de six autres, dont deux enfants. Cette issue de la crise au sein de l'Autorité palestinienne laisse un certain répit aux simples citoyens, dont l'inquiétude etait grandissante de voir une libanisation des territoires palestiniens, mais est-ce vraiment la fin de la crise ? Il est trop tôt pour pouvoir l'affirmer. Le président de l'Autorité palestinienne est déjà passé aux actes pour montrer sa volonté d'engager rapidement des réformes comme le lui enjoigne la communauté internationale. Il a nommé à cet effet, hier, un nouveau gouverneur pour la ville autonome de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Le poste de gouverneur de Jénine était resté vacant après que son ex-titulaire, Haïdar Ercheid, eut été contraint d'y renoncer, il y a un an, à la suite de rumeurs l'accusant de corruption.