Peu d'évolution à Ghaza et la situation demeure incertaine malgré les propos rassurants des proches d'Arafat. Une réunion du cabinet palestinien, qui eut lieu hier, au quartier général du président Arafat à Ramallah, n'a rien apporté de nouveau, le statu quo demeurant quant au maintien de M.Qorei au poste de Premier ministre. Celui-ci, malgré le rejet de sa démission par Yasser Arafat, maintient sa décision de quitter le gouvernement. Ainsi, à l'issue de la réunion d'hier, le ministre palestinien sans portefeuille, Qadoura Farès, a indiqué à la presse qu' «il n'y a pas de percée. Abou Alaa (Ahmed Qorei) n'a pas changé de position depuis hier (lundi) sur son offre de démission» ajoutant que «Abou Alaa est prêt à continuer à assumer pour l'heure ses fonctions, mais seulement jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement». L'intéressé, le Premier ministre palestinien, n'a, pour sa part, fait aucun commentaire au sortir de sa rencontre avec M.Arafat. Le refus de la démission d'Ahmed Qorei, par le président Arafat, ne semble pas devoir changer la nature de la crise qui reste structurelle, la corruption et le népotisme notamment, semblant avoir définitivement discrédité une Autorité palestinienne qui doit, d'une manière ou d'une autre, envisager son auto-critique et sa remise en cause. En fait, il ne s'agit pas ici d'un problème d'hommes, comme semble vouloir le faire croire le conseiller du président palestinien, Nabil Abou Roudeina, qui estime que «l'affaire est close», mais bien d'une crise institutionnelle de laquelle pourrait dépendre le sort futur du président Yasser Arafat. En fait, ce sont les mêmes causes qui ont empêché l'an dernier, Mahmoud Abbas, prédécesseur de M.Qorei, d'assainir la situation du cabinet palestinien, causes qui constituent aujourd'hui encore une entrave pour le gouvernement Qorei. L'annulation de la nomination du général Moussa Arafat, neveu du président Arafat, à la tête des ser-vices de sécurité, et son remplacement par le général Abdel Razak Al-Majaida n'a en rien calmé les esprits, bien au contraire. Les Pales-tiniens, qui ont manifesté à Ghaza, exigent un véritable assainissement de la situation par l'élimination des corrupteurs et des corrompus. C'est exactement ce que réclame, en vain jusqu'ici, la communauté internationale qui demande à l'Autorité palestinienne des réformes qui tardent à venir. Il est patent aujourd'hui que le président Arafat se trouve en première ligne sans bouclier protecteur et que, vaille que vaille, il doit prendre en charge des réformes sérieuses, qu'il ne semble pas décidé à accomplir, avant que d'autres ne s'en chargent pour lui. De fait, les événements de ces derniers jours dans les territoires palestiniens occupés, ont fait réagir lundi le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui a estimé que son représentant spécial au Proche-Orient, Terje Roed-Larsen, avait raison lorsqu'il mettait en doute la volonté de Yasser Arafat de réformer l'Autorité palestinienne. Commentant la situation dans les territoires palestiniens, M.Annan a d'abord rappelé que M.Roed-Larsen avait déclaré la semaine dernière au Conseil de Sécurité que M. Arafat n'avait pas démontré «la volonté politique de réformer le gouvernement de l'Autorité Palestinienne et que celle-ci était sur le point de s'effondrer». Kofi Annan s'adressant à des journalistes au siège de l'ONU à New York a indiqué que l'envoyé spécial onusien «(...) rapportait les faits et je pense que les événements lui ont donné raison». «Il s'agit d'une crise sérieuse, avec le Premier ministre en son centre», a dit M.Annan. «Le président Arafat devrait vraiment prendre le temps d'écouter le Premier ministre, ainsi que d'autres membres de sa direction, et prendre les mesures nécessaires pour contrôler la situation», a-t-il ajouté. De son côté, la Maison-Blanche revenant sur ces événements a aussi estimé que la situation illustrait la nécessité que soit mise en place «une autorité palestinienne qui soit déterminée à instaurer les institutions nécessaires à l'émergence d'un Etat démocratique». Aussi, il ne suffit plus à M.Arafat de gagner du temps ou de faire des replâtrages, il lui faut maintenant prendre des décisions à hauteur du combat du peuple palestinien pour son indépendance et l'érection de l'Etat palestinien souverain. Et le facteur temps joue contre le président Arafat, c'est celle-là la réalité nouvelle dans les territoires palestiniens occupés.