La confusion régnait hier sur la démission d'Ahmed Qorei, le Premier ministre palestinien. La situation est demeurée hier confuse après l'annonce jeudi de la démission d'Ahmed Qorei, récemment nommé par le président Yasser Arafat au poste de Premier ministre laissé vacant par la démission de Mahmoud Abbas, au début du mois de septembre. La démission de M.Qorei serait consécutive au refus du Conseil législatif palestinien, (Parlement) d'agréer le cabinet d'urgence composé en début de semaine dernière par M Qorei. Le CLP refuse ainsi la motion d'urgence voulue par le président Arafat et devant permettre à ce cabinet restreint, de huit membres, de légiférer par ordonnance. La position du Parlement serait en fait, selon les observateurs, partagée par Ahmed Qorei, ancien président du Parlement, avant qu'il ne soit nommé en remplacement de M.Abbas démissionnaire. Toutefois, hier en début d'après-midi les informations demeuraient contradictoires, quoique, l'un des conseillers de M.Arafat affirmait que le président palestinien «continue de faire confiance à Abou Alaa (M Qorei) ainsi qu'à son cabinet». Ahmed Qorei qui devait faire un discours devant le Parlement a finalement renoncé à le prononcer, présentant au contraire sa démission au président Arafat, après la tournure prise par les évènements. Outre le refus du Parlement d'entériner le cabinet restreint de M.Qorei, il y aurait également incompatibilité entre, le Premier ministre et le président Yasser Arafat sur la manière de diriger les affaires de l'Autorité palestinienne dans cette période de graves tensions induites par le redoublement de s de l'armée d'occupation israélienne. A l'évidence, dans l'esprit du président Arafat, ce cabinet d'urgence, en fait un cabinet de guerre, -même si le mot n'est pas prononcé- aura à prendre en charge une situation interne explosive, alors qu'Ahmed Qorei incline plutôt pour un gouvernement tout à fait ordinaire avec des prérogatives claires. De fait, en plus de cette différence de vue sur la qualification du cabinet de Qorei, vient s'ajouter la question des prérogatives du ministère de l'Intérieur, dont le titulaire, le général Nasser Youssef, refusa de prêter serment devant le président Arafat, au contraire de ses collègues du gouvernement. Il serait surtout en fait question des prérogatives attribuées à ce ministère clé du cabinet palestinien. En effet, c'est la question des attributions et charges de ce ministère, celle-là même qui a précipité le départ de Mahmoud Abbas qui, de nouveau, a surgi avec les exigences du général Nasser Youssef, à l'évidence peu satisfait de la marge de manoeuvre qui lui est octroyée. Ainsi, la crise de pouvoir qui a induit M.Abbas à renoncer à sa mission, se répercute à nouveau sur les relations entre MM.Arafat et Qorei, avec toujours en fond cette question récurrente des attributions, du titulaire du portefeuille de l'Intérieur en matière de sécurité. En effet, même s'il apparaît probable que le Premier ministre revienne sur son intention de démissionner et que l'on s'achemine vers un cabinet «ordinaire» agréé cette fois par le Parlement, demeurera cependant en suspens la problématique de la prise en charge de la sécurité des territoires. La crise de pourvoir, ouverte déjà par Mahmoud Abbas, et à laquelle est confronté aujourd'hui son successeur, Ahmed Qorei, pose la question à l'évidence jamais résolue des attributions, en matière sécuritaire, entre le président, le Premier ministre et le titulaire du portefeuille de l'Intérieur. Du fait même que le poste de Premier ministre n'était pas prévu dans l'organigramme politique palestinien, -le président Arafat ayant alors entre les mains la réalité du pouvoir-, la création du chef du gouvernement a induit un chevauchement de prérogatives entre la présidence et le Premier ministère lequel, outre de nuire à la stabilité de l'Autorité palestinienne, a abouti à un blocage dommageable de la cohésion du gouvernement palestinien. Aussi, au vu de l'expérience ratée de Mahmoud Abbas, et du fait de l'impasse persistante autour des attributions du ministre de l'Intérieur, dont la conséquence est le blocage du cabinet palestinien, va se poser, à terme, la question du renoncement de M.Arafat à ses prérogatives inhérentes au maintien de la sécurité. Toutefois le président Arafat, qui a déjà perdu une bonne part de ses pouvoirs au profit du Premier ministre va-t-il accepter le rôle de «prince consort» vers lequel il est poussé? De fait, de la solution qui sera apportée à cette crise de pouvoir dépendra l'avenir de l'Autorité palestinienne et, plus largement, de la «feuille de route» déjà mise très mal en point par l'irrédentisme de Sharon. Sur fond de crise politique palestinienne, l'armée d'occupation israélienne continuait se s par le bouclage, jeudi, de la ville palestinienne de Rafah, dans la bande de Gaza, et en menant des opérations de représailles ayant fait six morts, dont un enfant de huit ans, alors que l'on dénombrait plus de quarante blessés, dont 17 dans un état jugé grave par des sources médicales palestiniennes.