La manifestation, désormais consacrée, n'en finit pas de disséquer l'œuvre plurielle de l'écrivain, devenu un mythe. L a 3e édition du colloque Kateb Yacine, organisé du 25 au 27 octobre à la salle de cinéma le Triomphe, à Guelma, mettra en avant «L'expérience théâtrale katébienne». Le choix de cette ville, on l'aura compris, n'est guère fortuit, quand on sait que la tribu des Béni Keblout, ancêtres de l'enfant prodige, Yacine, se trouve à quelques encablures de Guelma, à Aïn Ghrour. «La source aux illusions», dixit Kateb Yacine. La première édition a été, l'on se rappelle, consacrée à la vie de l'auteur, la deuxième à sa fresque romanesque et poétique, Nedjma, -cette œuvre colossale, inspirée, engagée, le plus souvent incomprise, ayant donné libre cours à une véritable quête universelle-, alors que la troisième tente de disséquer sa création dramaturgique. Des conférenciers du Maghreb et d'Europe se déplacent à Guelma depuis trois ans, tant l'œuvre katébienne, pour son atypie même, sa densité, son symbolisme transcendant, continue de fasciner, et de susciter moult interprétations. Nedjma, généreuse et plurielle, femme-patrie, la plus belle d'entre toutes, soliloquera à l'infini, sous toutes les formes, dont le théâtre. Et le théâtre chez Kateb, c'est l'amour du peuple, la compassion pour les petites gens, pour lesquels il a créé un langage dramaturgique spécifique. La 3e édition se donne donc pour ambition de faire découvrir l'oeuvre dramaturgique engagée de ce grand écrivain qui avait choisi de parler la langue populaire. Le président de l'association Promotion du tourisme et action culturelle de Guelma, Ali Abassi, nous confiera qu'un panel de participants animera ce colloque. Des hommes et femmes de lettres de renom livreront diverses communications sur le sujet. Rachid Boudjedra nous parlera de «L'homme et son œuvre», Bouziane Benachour du théâtre de Kateb Yacine, dans «L'expression de l'être social»; Roswitha Geyss, une passionnée de l'œuvre et de l'écrivain, de l'université de Vienne, interviendra avec le thème: «Femme (s) sauvage (s), bête (s) sauvage (s), langue (s) sauvage (s), les univers symboliques de Kateb Yacine», alors que Ahmed Cheniki présentera «Les jeux de l'emprunt dans le théâtre populaire de Kateb Yacine». Gada Saïd, responsable du bureau d'El Watan de Tizi Ouzou parlera de «La Révolution dans Nedjma». Mustapha Seridi, professeur de lettres arabes s'étalera sur «la compréhension du théâtre arabe». D'autres conférences sont également prévues, telles celle de Abdelmalek Benkhallef, de l'université de Skikda, «Le théâtre et son esthétique chez Kateb Yacine», celle de Boucif Mekhaled, professeur d'histoire à l'université d'Oran, «La répression du 8 Mai 45 dans le Cadavre encerclé». Le menu de cette manifestation, désormais consacrée, s'annonce généreuse, avec une exposition de l'artiste-peintre Rachid Yahiaoui, une vente-dédicace de l'écrivain H'mida El Ayachi et une visite- exposition de Fadéla Kateb, sœur de l'écrivain. Deux films seront également projetés, l'un de Djilali Khellas sur le théâtre du Keblouti, et un autre du cinéaste Brahim Hadj-Slimane sur la personnalité de l'écrivain. Des visites aux sites touristiques, notamment le théâtre romain de Guelma et Hammam Meskhoutine «Bain des Maudits», dixit Kateb Yacine, sont par ailleurs organisées au profit des participants, sans omettre que la délégation projette de déposer une gerbe de fleurs devant la stèle érigée à la mémoire du Keblouti, à Aïn Ghrour, dans la commune de Hammam N'Bails.