Lancée au niveau de certaines boulangeries, l'opération distribution de l'emballage écologique semble ahaner. Il y a trois mois, une convention de partenariat exclusif a été signée entre l'entreprise Ahaggar et l'UGCAA pour le lancement de l'écobag, support en papier conçu spécialement pour le pain, dont 8 millions de baguettes sont consommées dans la wilaya d'Alger. Louable initiative tant elle nous débarrasse de l'impénitent sachet noir non biodégradable que les manufactures, tapies dans l'ombre, s'obstinent à produire sans mesurer l'impact sur notre environnement. Mais «l'habitude est une grande sourdine», disait Samuel Beckett tant il n'est pas aisé de se défaire de ce produit indissociable de notre quotidien. Agrippées aux clôtures de nos cités, couvrant les paraboles, jonchant les champs maraîchers, surfant allègrement dans les vergers et autres toits de maisons, ces grosses bulles noires décorent tristement nos tissus urbain et suburbain. Il n'est pas moins vrai aussi que ce sachet opaque, bien introduit aussi dans le circuit informel, est toujours en odeur de sainteté pour ceux qui s'en servent comme leur «chkara» de liasses... D'autres fabricants jouent sur la palette chromatique, mais rien n'indique que les effets toxiques sont écartés. On change la couleur du sachet, mais l'utilisateur ignore si l'emballage est fabriqué à partir des polymères respectueux de l'environnement, garantissant un haut niveau de biodégradabilité. Rouge, rose bonbon, vert émeraude, bleu pétrole ou mauve, la couleur est certes, moins repoussante, mais le support répond-il à la mise à niveau universelle ? Cela n'empêche pas les échoppes et autres supérettes de vous refiler le sachet bas de gamme, alors qu'on peut mettre à la disposition du chaland l'écobag au niveau des grandes surfaces – c'est le cas dans nombre de pays – et s'en défaire du vilain sachet noir. Et pourquoi ne pas revenir au bon vieux temps du couffin ou du filet à mailles à provisions très pratique ? Autre idée non moins astucieuse : il y a quelque temps, en suivant une émission sur un des villages au Mali, envahi par le sac plastique qui asphyxie les sols, la solution n'a pas tardé à poindre grâce au sens de la débrouille d'une manufacture qui, après avoir collecté ce rejet, le valorise. L'entreprise subsaharienne l'utilise comme liant pour la fabrication de matériaux pour revêtement de sol. Voilà une des pistes pour notre département de l'environnement dont la campagne de sensibilisation pour un emballage écolo, lancée en grande pompe en 2005, n'a pas donné ses fruits.