L'absence de dialogue et les promesses non tenues l'année dernière sont la résultante ayant abouti à ce conflit. Plusieurs dizaines d'étudiants ont passé la nuit de lundi à mardi devant le siège du rectorat de l'université du 20 Août de Skikda. «En dépit des tentatives d'intimidation des agents de sécurité du campus qui ont usé de la force pour nous délocaliser, on a tenu bon pour poursuivre le mouvement de protestation que nous menons depuis plus de vingt jours face à l'indifférence totale des responsables de l'université», a déclaré un des protestataires. Munis de moyens de couchage de fortune, les étudiants, solidaires, ont passé leur première nuit à la belle étoile sans même manger. L'un d'eux raconte: «Les agents de sécurité ont empêché nos camardes de nous faire parvenir des sandwiches. D'ailleurs l'un de nous a été pris d'un malaise mais il a refusé de se faire transporter dans l'ambulance de l'université.» Hier encore, les étudiants ont poursuivi leur sit-in devant leurs départements avant que le recteur en personne ne se déplace pour les contraindre à libérer les entrées. «On a été brutalisés et le recteur a même proféré des insultes contre l'un de nous», témoignent plusieurs étudiants présents. Voulant certainement prouver leur «bonne foi» et leur détermination à mener un mouvement pacifique pour contrecarrer toutes les supputations qu'on tente ici et là de leur imputer pour les discréditer, les étudiants ont rendu public, dans l'après-midi de lundi, un communiqué signé par les représentants de trois départements, et qu'ils ont adressé au ministère de l'Enseignement supérieur, aux autorités locales, civiles et sécuritaires, ainsi qu'à la presse. «Nous, les étudiants en génie civil et mécanique et ceux du département d'informatique, déplorons les mesures excessives prises à notre encontre et le refus de tout dialogue», y lit-on. En réitérant leur volonté, toujours d'une manière pacifique, de continuer à bloquer tout accès à leurs départements, ils déclarent:«Nous poursuivrons notre mouvement de grève et nous tiendrons des sit-in nocturnes jusqu'à ce qu'on daigne nous accorder nos droits légitimes.» Et ils espèrent bénéficier du soutien de tout le monde. Cette crise qui couve à l'université de Skikda depuis plus de 20 jours est motivée, selon les étudiants, par le refus du rectorat de leur accorder une chance de poursuivre leur cursus en s'inscrivant au master. Ils estiment qu'ils sont en droit de s'inscrire au master du moment qu'ils ont réussi à bénéficier d'une licence. Ils rappellent que durant l'année universitaire 2010/2011, ils avaient accepté d'arrêter un grand mouvement de grève après les assurances du recteur qui leur avait promis toute la latitude de s'inscrire au master. «On ne fait plus confiance aux responsables de notre université. D'un côté, ils organisent des conférences de presse interminables pour vanter les mérites du LMD (licence- master- doctorat) mais voilà qu'ils nous obligent à nous contenter du simple L. On veut étudier, pourquoi nous prive-t-on de ce droit ?» se demande l'un des étudiants protestataires. Pour recueillir l'avis du recteur de Skikda, il faut apparemment se munir de beaucoup de patience...