Angela Merkel, 52 ans, a été élue chancelière fédérale de l'Allemagne à l'issue d'une bataille électorale marathonienne qui avait démarré le 18 septembre 2005. La présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), qui a battu, haut la main, son prédécesseur Gerhard Schröder, a recueilli la majorité des suffrages des députés du Bundestag, soit 397 voix sur 614. Sur les 612 députés présents, 202 se sont prononcés contre, 12 se sont abstenus et une voix était déclarée nulle. La majorité absolue étant de 308 voix. Angela Merkel est ainsi devenue officiellement la première chancelière de l'histoire de l'Allemagne. Derrière son visage juvénile et son sourire d'enfant, se dresse le portrait d'une grande dame, dotée d'un redoutable courage politique. Mme Merkel doit sa carrière politique à l'ex-chancelier Helmut Kohl avec qui elle avait coupé les ponts dès la mi-décembre 2005. M. Kohl venait, en effet, d'admettre avoir reçu des dons occultes pour alimenter les caisses secrètes de la CDU. Mme Merkel a, dès les premières heures de son règne, affiché son souhait de rompre avec la démarche de Schröder qui a clairement pris ses distance avec Washington à propos, notamment, de l'engagement militaire en Irak. Mme Merkel a, en outre, abandonné une grande partie du programme libéral de la CDU. Ce programme prévoit, entre autres, une importante réduction des dépenses, des hausses d'impôts, la TVA passant de 16 à 19% en 2007, contrebalancées par un programme d'investissements de 25 milliards d'euros dès 2006 pour « remettre l'Allemagne dans le peloton de tête de l'Europe », pour reprendre les dires de Mme Merkel. Elle s'est également engagée, publiquement, à entretenir des « relations particulières avec Israël ». Angela Merkel est née en 1954 à Hambourg. Après des études de physique à Leipzig, elle travaille à l'Académie des sciences de la République démocratique allemande (RDA). Docteur en physique, la jeune femme est interdite d'enseignement par le régime communiste, suspecte en raison des postes ministériels occupés par son père. Membre du mouvement Rupture Démocratique, porte-parole adjointe du dernier gouvernement de la RDA, elle passe au Service d'information de l'Allemagne réunifiée après être entrée au Parti démocrate chrétien (CDU) en août 1990. « Pour moi, la foi de la CDU dans l'individu et dans la concurrence d'où peut émerger la créativité représentent de justes fondements », a-t-elle expliqué. Six mois plus tard, lors des premières législatives de l'Allemagne réunifiée, elle rafle 48,5% des suffrages dans une circonscription de l'ex-RDA, signe évident de sa popularité naissante. Députée au Bundestag, elle sera ministre des Femmes et de la Jeunesse, puis de l'Environnement. Elle sera ensuite élue présidente du Land Mecklembourg-Poméranie Occidentale. En 2000, elle remplace Helmut Kohl à la présidence fédérale de la CDU. Ce nouveau poste lui a ouvert grandes les portes de la Chancellerie d'Allemagne.