La situation politique n'a pas évolué d'un iota malgré le siège glané par les chrétiens-démocrates à Dresde. Schröder et Merkel campent toujours sur leurs positions antérieures. Les électeurs de Dresde, dans l'ex-RDA, ont donné, dimanche soir, un léger avantage à la démocratie-chrétienne (CDU-CSU) dans la partie de poker sans merci que se livrent pour le pouvoir en Allemagne la dirigeante conservatrice, Angela Merkel, et le chancelier social-démocrate sortant, Gerhard Schröder. D'après les résultats officiels provisoires de l'élection législative partielle de Dresde-I (Est) publiés par la Commission électorale, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) garde le siège de député en jeu au suffrage universel direct, comme lors des trois derniers scrutins, avec 37% des voix contre 32,1% au SPD. De plus, compte tenu du système électoral allemand très complexe, qui mêle l'élection d'un député au suffrage universel direct uninominal à un tour et le scrutin de liste à la proportionnelle, la CDU-CSU va porter son avance sur le SPD au Bundestag de trois sièges à quatre, 226 contre 222. En effet, au scrutin de liste, l'électorat de droite a joué une partie tactique : ainsi, une partie des électeurs CDU, après avoir donné leur voix à leur candidat au scrutin direct dans la circonscription, sont allés voter pour leur allié du parti libéral (FDP) au scrutin à la proportionnelle. Le FDP, dont le candidat direct n'a recueilli que 4,7% des suffrages, a donc bondi jusqu'à 16,6% au scrutin de liste, la CDU dégringolant à 24,4% et tombant loin derrière le SPD (environ 27,9%). Or, avant le vote, la presse avait attiré l'attention sur le fait qu'une telle tactique, en raison du complexe jeu de balance entre les listes dans la répartition des sièges à la proportionnelle dans le pays, pourrait paradoxalement permettre à la CDU de gagner un mandat supplémentaire. Si les dirigeants du SPD avaient par avance dénié toute importance à ce scrutin partiel, ceux de la CDU-CSU ont aussitôt essayé de tirer argument du résultat de Dresde pour revendiquer avec encore plus de force le poste de chancelier pour Angela Merkel, un poste que Gerhard Schröder estime lui aussi devoir lui revenir. Dès dimanche soir, le président du SPD, Franz Müntefering, a opposé une fin de non-recevoir à la CDU, s'appuyant sur le fait qu'au scrutin de liste à la proportionnelle, son parti était arrivé en tête : “Le SPD est la force la plus importante”, a-t-il déclaré. Le 18 septembre, lors des législatives anticipées dans toute l'Allemagne, sauf Dresde-I, où le scrutin avait été reporté en raison du décès pendant la campagne électorale de la candidate néo-nazie, Kerstin Lorenz, la CDU, présidée par “Angie” Merkel, et sa petite soeur bavaroise, l'Union chrétienne-sociale (CSU), dirigée par Edmund Stoiber, avaient devancé d'extrême justesse le SPD de Gerhard Schröder : 35,2% des voix contre 34,3%. Le parti libéral (FDP), allié de la CDU, avait obtenu 9,8%, le Parti de gauche, rassemblement des néo-communistes à l'Est et des déçus de la social-démocratie à l'Ouest, avait fortement progressé jusqu'à 8,7% et les Verts, alliés du SPD dans le gouvernement sortant, plafonnaient à 8,1%. Ce résultat ne permettait à aucun des blocs CDU-CSU/FDP et SPD/Verts, tous deux refusant toute alliance avec le Parti de gauche, de constituer un gouvernement stable pouvant s'appuyer sur une majorité absolue des sièges au Bundestag, et avait plongé l'Allemagne, principale puissance européenne et souvent déjà qualifiée “d'homme malade de l'Europe”, dans une grave crise politique. Depuis, les discussions entre partis tournent autour d'un gouvernement de grande coalition CDU-SPD, Angela Merkel et Gerhard Schröder s'étant déjà rencontrés lors de deux réunions au sommet, qualifiées de “consultations exploratoires”, et devant se retrouver une troisième fois demain. R. I./Agences