Pensez-vous que la coordination intersyndicale durera dans le temps et parviendra à satisfaire les revendications que vos syndicats n'ont pu obtenir jusque-là ? La convergence des trois paliers (primaire, moyen et secondaire) a fait émerger une force qui changera inévitablement l'axe de gravité du champ syndical en Algérie. La coordination intersyndicale de l'éducation nationale est aujourd'hui le nouvel acteur social que les pouvoirs publics doivent prendre en considération. Celle-ci a démontré sur le terrain qu'il est une force incontestable. La force d'attraction du mouvement, auquel adhèrent chaque jour des dizaines de travailleurs de l'éducation tous corps et paliers confondus, va, à mon sens, donner plus de poids au niveau de la représentativité. Il est clair qu'aujourd'hui, aucun des cinq syndicats ne pourra faire cavalier seul. Nous sommes condamnés à travailler ensemble et à unir nos forces afin de faire valoir nos droits et de faire pression sur la tutelle. Toutefois, les syndicats formant la coordination ne perdront aucunement leur identité. La coordination a pu regrouper l'ensemble des travailleurs autour d'une plateforme de revendications socioprofessionnelles. Le ras-le-bol des enseignants les a poussés à nous faire confiance et à prendre part à notre action. Nous avons accompli avec brio la première étape, nous devons réfléchir maintenant aux actions prochaines. Nous sommes également rassurés quant à la compréhension des parents d'élèves qui n'ont pas été, cette fois-ci, virulents et ont été, au contraire, solidaires avec les enseignants dont le salaire est dérisoire et qui vivent dans la misère et la précarité. Quels sont les projets de l'intersyndicale après le mouvement de protestation qu'elle vient de mener avec succès ? Le mouvement de grève était, certes, une réussite totale. Mais nous devons trouver une stratégie de confrontation qui ne sanctionnera pas les élèves. Nous nous battons en parallèle pour changer l'école algérienne afin de la rendre plus performante. Notre lutte sert en premier lieu l'intérêt de nos élèves. Nous n'avons donc pas le droit de les pénaliser. A cet effet, il faut opter pour des actions de contestation visibles, telles que les rassemblements devant le ministère de l'Education nationale, des sit-in devant le palais du gouvernement ou bien l'élaboration d'initiatives qui se dérouleront au même moment et dans toutes les wilayas du pays, et ce, dans le but de faire reculer le ministre de tutelle. L'action de contestation demeure. Il reste que nous devons trouver d'autres formes de lutte. Pour le moment, il n'y a pas eu d'hostilité envers nous. Cela ni de la part des parents d'élèves ni d'une quelconque autre partie d'ailleurs. Nous n'avons donc pas le droit de les inquiéter. Si le ministre de l'Education refuse l'ouverture d'un dialogue, que fera la coordination intersyndicale ? Nous estimons que le débat sur l'illégalité du syndicat est faux. Le ministre joue cette carte, car il est à court d'arguments. Le département de M. Benbouzid veut travailler uniquement avec les partenaires traditionnels. Il méprise et redoute les syndicats autonomes qui peuvent se battre et gêner la stratégie du pouvoir. Le ministre est dans une position très fragile, d'autant que le contexte économique est favorable à la contestation. Les enseignants demandent une augmentation des salaires. Une revendication que les pouvoirs publics peuvent satisfaire, car, tout simplement, les caisses de l'Etat regorgent d'argent. Le gouvernement est obligé d'apaiser la tension sociale et d'éviter la multiplication des contestations.