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Refuges d'oasis
Parution. André Gide ou la tentation nomade
Publié dans El Watan le 29 - 10 - 2011

Le prix Nobel de littérature 1947 avait souvent séjourné en Algérie.
Au moment où l'on célèbre en France le centenaire des éditions Gallimard, fondées par Gaston Gallimard en 1911 avec un groupe d'amis issus de la Nouvelle Revue Française (NRF), on retrouve parmi les précurseurs André Gide, admirateur du grand poète Mallarmé et qui avait trouvé un allié de taille en la personne du poète et théoricien de la littérature, Paul Valéry. Les animateurs de la NRF ont favorisé et cherché «l'assentiment de cette élite intellectuelle de la province». Les conversations passionnantes, sur la poétique et la littérature en général, ont donné à cette revue et aux éditions Gallimard une réputation d'exigence et un rayonnement international.
Cette élite littéraire, née sur les décombres du romantisme et du naturalisme dont André Gide était le porte- drapeau, guerroyait sur le front de la création pour émerger et faire oublier les monstres sacrés tels Victor Hugo, Flaubert ou Baudelaire. Dans le beau livre qui vient de sortir aux éditions Flammarion, André Gide ou la tentation nomade*, c'est l'écrivain voyageur qu'on découvre. Gide est un poète adepte de la contemplation, qui rompt avec la tradition de l'écrivain-baroudeur, version dix-neuvième siècle. Avant de suivre les itinéraires d'André Gide, faisons un détour par certains repères biographiques. Il est né le 22 novembre 1869 à Paris. Il est l'auteur d'une œuvre prolifique qui épouse toutes les formes de la création littéraire. On peut citer certains romans comme : La Porte étroite (1909), Les Caves du Vatican (1914) ou encore La Symphonie pastorale et Les Faux-monnayeurs. A côté de cette œuvre romanesque, la poésie a une place prépondérante comme Les Nourritures terrestres ou Paludes qui est inclassable car trans-générique. Ses mémoires et journaux de voyage sont très nombreux et le tout va lui valoir le prix Nobel de littérature en 1947.
Malgré une vie bourgeoise, André Gide n'a jamais cessé de voyager et d'aller scruter le monde pour chercher, comme Lamartine lors de son voyage en Orient, une réalisation de soi et un renouvellement dans sa création. Il avait commencé par découvrir l'Angleterre comme une sorte d'hommage secret à Mallarmé qui était professeur d'Anglais. C'est en 1892 que le désir de partir vers un ailleurs libérateur devient réalité à travers, d'abord, les poésies d'André Walter où il dit notamment : «Un jour nous avons levé la tête/ De dessus, nos graves bouquins/ Tu m'as dit : "C'est l'heure de nous mettre en route/ Voilà assez longtemps que nous sommes enfermés/ Marchons tous deux où nous mènera la route"». Ces vers sont l'acte fondateur d'une vie de nomade qui s'écrira sur les chemins du vaste monde. Puis vint une période de relation intense avec l'Afrique du Nord qui débuta en 1893.
Ses premiers voyages lui permirent d'entretenir une correspondance très suivie avec sa mère, qu'il finit par convaincre de séjourner avec lui à Biskra à partir de 1894 (ndlr : ce qui a inspiré le roman de Hamid Grine, Le Café de Gide, Ed. Alpha, 2008). Dès l'aube de la colonisation, la reine des Zibans avait déjà le vent en poupe, car c'est un lieu enchanteur et d'hivernage très prisé. Un lieu magique qui a inspiré beaucoup de peintres orientalistes, dont Gustave Guillaumet et son célèbre La séguia près de Biskra, une toile importante par ses dimensions réalisée en 1884 et qu'on peut admirer au Musée d'Orsay à Paris. Lors de ce voyage, Gide se rapproche de la population locale et lui permet d'entrevoir l'écriture de Paludes. De 1894 à 1829, suivent une série de va-et-vient entre la France et le Maghreb et de longs séjours en Algérie et en Tunisie.
Un autre voyage sera déterminant dans ses prises de position politique, c'est celui qu'il fit au Congo en 1927. Le séjour en Afrique subsaharienne l'aide à cerner les intentions de la présence coloniale et ses prétentions de civilisation. Dans son journal intitulé Voyage au Congo, il dénonce cette idéologie fondée sur la domination de l'autre et l'exploitation des richesses autochtones. Une position courageuse surtout que la célébration du centenaire de la colonisation de l'Algérie était en préparation. Le retour en Europe, après ces longs périples africains, lui donne l'idée de s'intéresser au communisme qui professait le progrès et l'égalité.
En 1936, il entreprend un voyage en URSS. Sur place il constate que la propagande soviétique occultait une réalité autre que celle embellie par un discours fallacieux. Là aussi, il ne va pas hésiter à mettre à nue la supercherie d'une telle idéologie totalitaire et au nom de laquelle se commettait beaucoup de crimes et de déportations. Son livre Retour de l'URSS aura un grand retentissement. La capitulation du gouvernement du Maréchal Pétain, en juin 1940, va le conduire à cesser son activité de collaborateur assidu à la Nouvelle Revue Française pour se retirer à Nice avant de se réfugier en Afrique du Nord entre 1942 et 1945.
Dans le beau livre de Jean Claude Perrier, on suit à la trace André Gide que ses amis désignaient par «le bipède». L'écrivain, à l'âme voyageuse, a laissé à côté de cette œuvre nomade un important fonds iconographique que l'auteur du livre met à la disposition du lecteur. Dans la vie d'André Gide, l'Algérie a joué un rôle important pour l'aider à s'affranchir du conservatisme de son milieu, mais aussi pour s'extirper de la culture ambiante d'une Europe alors travaillée par plusieurs de ses démons.

*Jean Claude Perrier. «André Gide ou la tentation nomade», Paris, édition Flammarion, 2011.


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