Les quelque 200 000 personnes qui travaillent dans le cadre du pré-emploi perçoivent une mensualité de 15 000 DA. Les travailleurs en pré-emploi reprennent la protestation. Les représentants de différentes wilayas de cette catégorie de travailleurs précaires ont tenu un sit-in, hier, devant le ministère du Travail et de l'Emploi, pour réclamer leur intégration dans des postes permanents. Quadrillés par un dispositif policier impressionnant, les manifestants, une trentaine, ont dénoncé haut et fort leur «triste et désolante» situation professionnelle en scandant des slogans comme «Y'en a marre de la précarité et de la misère» ou encore «On n'est pas des étrangers, on veut une place dans notre pays». Sur des pancartes en arabe, on pouvait lire «Contrats de pré-emploi, contrats avant le chômage». Les manifestants disent se sentir «abandonnés et sans avenir». «Ils nous ont dit que le pré-emploi n'est qu'une étape avant le recrutement. Mais voilà que six ans après, rien n'a changé. Je n'ai aucune perspective de recrutement», fulmine Rafik El Aker, marié et père de deux enfants, qui vivote avec un salaire de 15 000 DA. Employé au service technique de la commune de Magra, à M'sila, Rafik ne manque pourtant pas de compétences puisqu'il est ingénieur en gestion technique urbaine. «Que faire avec 15 000 DA ? Ce n'est même pas assez pour assurer mon transport et mon déjeuner. C'est intenable», dénonce Kouider Bellatrèche, 32 ans, une autre victime de la politique de pré-emploi. «Je suis ingénieur en génie civil. Embauché il y a quelques années dans le cadre du pré-emploi à la direction de l'urbanisme de la wilaya de M'sila, je continue à travailler dans la précarité et avec un semblant de salaire que je perçois toujours en retard. C'est dur et injuste», tempête-t-il. Après plus d'une heure d'attente, trois représentants des manifestants ont été reçus par l'inspecteur général du travail au niveau du ministère. «Il nous a dit qu'il est impossible de nous intégrer, en nous demandant de voir avec la direction de la Fonction publique. Car ce n'est pas du ressort du ministère du Travail», a affirmé Abdelkader Amor, un des représentants des protestataires, à sa sortie du ministère. Mécontents de la réponse du ministère, les manifestants promettent des actions de grande envergure avec l'ensemble des travailleurs victimes du pré-emploi, dont le nombre est estimé à près de 200 000 personnes. L'action de protestation a été organisée par la Commission nationale des travailleurs en contrats de pré-emploi et du filet social, affiliée au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Malika Felil, porte-parole de la commission, a indiqué que cette action n'est qu'«un prélude à un mouvement de protestation plus large». Elle a, dans ce sillage, dénoncé les pressions de l'administration sur les protestataires. Des pressions dont elle est elle-même victime : «On a résilié mon contrat de pré-emploi parce que je suis porte-parole de ce mouvement de protestation.» Et de réaffirmer sa détermination à poursuivre le combat jusqu'à l'obtention de l'intégration.