La route tue, la route est le réceptacle de toutes les tragédies humaines. Durant le seul dernier trimestre (juillet, août, septembre), il a été enregistré le nombre effarant de 459 morts et 5 695 blessés au niveau des 16 wilayas de l'Est. Selon le bilan livré hier par le commandement de la 5e région de la Gendarmerie nationale, le nombre de décès a augmenté de 254, et celui des blessés de 1 926 par rapport au 2e trimestre de l'année en cours. Soit 5 morts et 62 blessés/jour. Un rythme infernal, avec 77 603 P.-V., et une augmentation de 39, 61%. Les causes ? A 86%, le premier responsable de cette criminalité routière sans précédent, selon le colonel de la gendarmerie, Rachid-Eddine Benaziza, c'est l'automobiliste lui-même, avec les dépassements dangereux et l'excès de vitesse; 6% des accidents sont dus à l'état du véhicule, et 5% à celui des routes. Et c'est sans conteste la wilaya de Sétif qui détient le sinistre record en la matière. Nous avons relevé ce qui nous semblait être un paradoxe, dans ce sens où malgré une farouche répression qui se traduit à coups de barrages intensifs -une moyenne de 605/jour (exemple, plus de 10 barrages entre Constantine et Guelma), de contraventions (16 milliards de centimes), et de retraits de permis, l'on ne cesse de compter les morts sur les routes. Certains chauffeurs de poids lourds se conduisent avec une inconscience criminelle, témoignent des usagers de la route; ils transportent des matériaux de construction tels le gravier, les fils de fer et autres sans bâche ou attache de sécurité, et quand vous trouvez sur la ligne continue, vous êtes obligé, à vos risques et périls, de rouler juste derrière eux. Parfois, il arrive que l'un d'eux éparpille son gravier tout au long de la route, ce qui a pour effet de faire déraper les autres automobilistes. A ce propos, le mois de Ramadhan a été particulièrement meurtrier. A titre illustratif, dans la seule wilaya de Constantine, l'on a comptabilisé pratiquement une trentaine de décès durant ce mois sacré. La situation est tellement préoccupante, que le commandement de la Gendarmerie nationale a décidé de lancer très prochainement une large campagne de sensibilisation d'une semaine en direction des populations sur la prévention routière, avec le concours des médias et autres acteurs actifs de la société civile. «C'est le permis à points qui contribuera, dans une large mesure, à diminuer des accidents de la route, aussi serait-il temps de l'instaurer», a préconisé l'officier supérieur de la gendarmerie.