L'article 4 sur le « rôle positif de la présence française notamment en Afrique du Nord » de la loi du 23 février 2005 continue d'alimenter, sans interruption, le débat public, particulièrement en France. Hier encore, pas moins de cinquante associations françaises ont signé un appel à une grande manifestation, le 25 février à Paris, « afin de demander l'abrogation, pure et simple, de cette loi », ont indiqué les initiateurs de l'action, lors d'une conférence de presse animée au siège du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et dont le compte rendu a été donné, hier, par l'APS. « Aujourd'hui, nous lançons une campagne citoyenne contre la loi de la honte, qui est une offense à l'endroit des victimes de la colonisation et de leurs enfants. Elle est en même temps une provocation et un déni de vérité », a, en effet, souligné Mouloud Aounit, secrétaire général du MRAP. « C'est une initiative qui émane d'une volonté commune. Il était nécessaire de créer les conditions d'une mobilisation unitaire, massive, et mettre au centre de cette volonté une exigence, à savoir l'abrogation de la loi dans son ensemble et non pas uniquement l'article 4 », a-t-il expliqué. Le conférencier a estimé, par ailleurs, que « le rôle du législateur n'est pas de se substituer aux historiens (...). Lorsqu'on est dans cette logique, on offense l'éthique même des historiens et celle des enseignants, auxquels on demande de porter cette histoire officielle ». Les signataires de l'appel considèrent, à tout point de vue, cette loi comme « une réhabilitation extrêmement inquiétante du colonialisme (...). Une loi mauvaise ne doit pas être réécrite ni amendée, mais tout simplement abrogée ». M. Aounit a annoncé, dans le cadre de cette action, « l'organisation, le 23 février, devant l'Assemblée nationale française, d'une veillée avec des témoignages, des prises de parole de personnalités politiques notamment ». Les responsables de ces associations ont, cependant, demandé à ce qu'ils soient reçus, le même jour, par le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré. La sénatrice du Parti communiste, Mme Nicole Borvo, a déclaré, pour sa part, qu'elle partage les objectifs de cette manifestation, tout comme elle se félicite de cette « mobilisation contre cette loi condamnable et inacceptable, qui est le fruit d'une longue marche des nostalgique de l'OAS ». Les objectifs de cette mobilisation sont partagés également par l'Unef, principal syndicat étudiant français, dont la représentante à cette conférence de presse a expliqué les raisons qui l'ont amené à être partie prenante de la manifestation du 25 février. Il est de même pour le Centre d'information, formation, recherche et développement pour les originaires d'outre-mer (CIFORDOM), qui a tenu à participer à cette manifestation. Le député et ancien ministre français de l'Economie, Dominique Strauss-Khan, a estimé, de son côté, que « réécrire l'article 4 de la loi du 23 février est inutile, il faut l'abroger ». Pour rappel, Dominique Strauss-Khan avait lancé, fin décembre 2005, une pétition demandant l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février. La pétition a recueilli plus de 45.000 signatures. Le président de l'Assemblée, Jean-Louis Debré, a indiqué, avant-hier, que le nouveau texte de l'article 4 était toujours en cours de négociation, avec notamment la participation des représentants des quatre groupes parlementaires dont ceux du Parti socialiste qui se sont pour son abrogation.