De nouveaux visages tentent d'émerger au niveau du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Mais il appartient aux 250 membres de cette organisation patronale de mettre en avant cette génération montante de managers, dont trois d'entre eux sont aujourd'hui candidats à l'élection du futur président du FCE. Cependant, le vent de changement et de rajeunissement qu'ils tentent d'injecter au niveau de cette organisation risque d'être détourné par la carapace de certains de leurs «aînés», dont l'un d'entre eux veut se faire élire pour succéder à lui-même, une fois de plus. Les 250 membres du FCE sont appelés, le 17 novembre prochain, à désigner un nouveau président. Quatre candidats sont en lice : Réda Hamiani (président sortant), Hassan Khelifati (PDG d'Alliance Assurances), Mohamed Baïri (PDG du groupe Ival Iveco-Mazda) et Nassim Kerdjoudj (PDG de Net Skills). Chacun des candidats défend l'importance de rajeunir les structures dirigeantes du Forum, excepté Réda Hamiani, lui, partisan acharné de l'hypothèse selon laquelle «la continuité serait le meilleur synonyme de stabilité». Les «jeunes» du FCE sont d'ores et déjà entrés en campagne pour faire barrage à Réda Hamiani, qui revendique à cor et à cri un nouveau mandat à la tête de l'organisation. Les campagnes ont commencé ; les tractations de coulisses aussi. Réda Hamiani, ancien ministre de la Petite et moyenne entreprise, a été prié de quitter l'organisation temporairement et de mener la campagne en dehors des structures dirigeantes du FCE.
Un chiffre d'affaires global de 671 milliards de Dinars Les affaires courantes sont assurées actuellement par le président d'honneur de l'organisation, Omar Ramdane en l'occurrence. Les aînés ne sont pas en reste. Omar Ramdane n'a pas hésité à apporter de l'eau au moulin des jeunes managers en mettant des arguments à l'appui des thèses de rajeunissement des structures de son organisation. Sollicité par les «pères» en vue de succéder à Réda Hamiani, Omar Ramdane dit préférer ouvrir la voie aux «jeunes» managers du FCE. Appelé en vue de démystifier les inconnus d'une équation qui l'évoquait un des candidat à la présidence du Forum, «l'autorité morale» du FCE a répondu par ceci : «Effectivement, on m'avait demandé de revenir à la présidence du FCE, mais j'ai dit non. J'ai toujours milité pour qu'un sang frais soit injecté.» La sentence sonne tel un désaveu dur de sens à l'encontre de Réda Hamiani, qui tente tant bien que mal d'entretenir sa flamme face à un escadron de jeunes candidats plus que jamais décidés à renverser son modèle de gestion. Une question s'impose : ces jeunes manag ers, bien qu'ils soient PDG de sociétés, sont-ils capables d'administrer une organisation d'environ 250 membres représentant 512 sociétés ? L'enjeu n'est pas des moindres. Les sociétés membres du FCE cumulent un chiffre d'affaires global de 671 milliards de dinars (l'équivalent d'environ 9,2 milliards de dollars) et emploient 86 956 salariés permanents. De nombreuses entreprises membres sont leaders dans leur filière d'activité. Les principaux secteurs couverts (18 sur les 22 que comprend la classification nationale) sont notamment ceux des industries agroalimentaires, des matériaux de construction, des industries électriques et électroniques, des industries mécaniques, des industries pharmaceutiques, du papier et de l'emballage, du bois, des travaux publics et de la construction, de la grande distribution… En dépit de cette taille sur laquelle repose le FCE, il est reproché à l'actuelle équipe dirigeante son manque de dynamisme, l'absence de mobilisation et ses agissements face à des questions engageant parfois l'intérêt de l'entreprise. Hassan Khelifati, un des rivaux de Réda Hamiani, n'hésite pas à décocher cette flèche : «Le FCE est fragilisé ces dernières années par l'absence d'écoute chez la direction actuelle et l'exclusion de certains de ses membres.» De l'autre bout du champ de tir, Mohamed Baïri assène ce coup : «L'action menée jusqu'ici par l'actuelle présidence a atteint ses limites.» Nassim Kerdjoudj, lui, semble ménager ses propos à l'encontre de l'actuel patron des patrons. Certains sont allés jusqu'à l'accuser de «jouer le lièvre au profit de Réda Hamiani». Les coups sont durs. Même si les «aînés» gardent un œil sur la démocratisation des procédures de campagne et d'élection, les tractations de coulisses et les parrainages s'enchaînent, voire même les réprimandes. Des critiques qui font hausser des épaules les «pères», alors que Réda Hamiani se targue de terminer son deuxième mandat avec satisfaction. Les trois autres candidats s'accordent à dire qu'il est temps de fédérer les efforts du FCE autour du même objectif. Tous militent également pour sortir le FCE de la capitale. Mais aujourd'hui, plus personne ne parle de la syndicalisation de l'action du FCE pour le différencier des autres organisations patronales. Le défi est pourtant de taille.