Des nominations partout dans le monde, dernièrement au Festival du film d'Abu Dhabi pour son rôle de Fatema dans le court métrage Salam Ghourba, Oum poursuit son aventure musicale afin de présenter son nouvel album Sweerty au monde entier. -Vous venez de participer à une manifestation afro-américaine d'envergure. Racontez-nous cette nouvelle aventure… J'ai été très touchée et honorée par ma nomination aux Afrotainments Museke Awards. C'est aussi pour notre continent une fierté d'avoir, au même titre que l'Europe ou les Etats-Unis, des manifestations de cette importance qui priment les meilleurs artistes annuellement. -Sweerty, votre nouvel opus, est un hymne à la liberté et l'amour… Cet album s'inscrit dans la continuité de mon précédent travail. Dans la mesure où j'y exprime en effet liberté, amour et spiritualité. Musicalement, j'ai essayé, tout en invitant les musiciens de mon groupe à participer à la composition, d'accorder plus de place à la soul, de donner également de l'importance à l'acoustique. Mon objectif est de toucher davantage l'auditeur avec des chansons intimistes aux sonorités organiques. -Votre collaboration avec le chanteur ghanéen Blitz a donné naissance à Harguin. Un titre poignant. Comment s'est passée cette rencontre ? Blitz et moi avons une amie en commun à New York, c'est elle qui a rendu notre rencontre possible. Quand j'ai présenté le projet de Harguin à Blitz, il a aimé la musique et le thème. Nous avons ensuite travaillé à distance les textes, puis les enregistrements. Nous nous sommes ensuite rencontrés à Paris une fois que la chanson était quasiment prête. C'est un artiste très talentueux, aux textes engagés, et très sensible à ce qui touche l'Afrique, car il est lui-même originaire du Ghana. -En écoutant Sweerty, on se rend compte que les thèmes sont engagés. D'ailleurs, comment avez-vous vécu les révolutions arabes ? Ce qui se passe, depuis maintenant neuf mois, dans certains pays arabes est pour moi un signe d'éveil ! C'est une étape dans l'évolution de nos pays, de nos mentalités également. J'ai envie de voir cela comme quelque chose de positif, bien que chaque pays a sa propre histoire. -Votre style est un véritable arc-en-ciel musical, entre soul, jazz et poésie du désert. Où se situe-t-elle réellement? Je vis la musique comme on vit les saisons. Mes chansons se situent au carrefour de mes influences : la poésie hassany (culture du désert marocain), les rythmes africains, le jazz et le gospel. Mais aussi, de tout ce qui peut toucher mes sens. En somme, l'expression de mon âme dans un espace temps, c'est pourquoi j'aime l'appellation «soul». -Finalement, vous avez élaboré un univers musical qui vous est propre. Pourtant, vous n'hésitez pas à inviter d'autres artistes qui ne vous ressemblent pas. La musique est un échange entre le musicien et l'auditeur. Alors qu'elle naît de l'échange entre musiciens et chanteurs. Dans la rencontre artistique, le meilleur de la musique peut voir le jour, et c'est justement nos différences qui embellissent les nuances. -Vous êtes une artiste qui fait attention à son look. Ce style qui plaît tant est-t-il un mélange de vos racines ? J'attache une grande importance à mes tenues de scène. Cela dit, je ne suis pas habillée ainsi au quotidien ! C'est comme vous dites «un mélange». Un peu comme pour la musique, il y a un peu de mes racines, de mes ancêtres, un peu de l'espace et de la ville dans laquelle je me produis, ou le pays aussi. Quand je me produis dans un pays, j'aime trouver un accessoire traditionnel afin de l'ajouter à ma tenue, et enfin une touche finale selon l'humeur du moment. -Quelles sont les difficultés des artistes marocains aujourd'hui ? De nos jours, où qu'ils soient, les artistes ont les mêmes problèmes : fin du support audio, piratage, etc. Au Maroc, il y a un sérieux souci de droits d'auteur. -Quoi que vous ayez beaucoup de fans en Algérie, vous n'y avez jamais donné de concerts. J'aimerais beaucoup venir chanter pour mon public algérien. Si on m'y invite, je viendrai ! J'écoute la musique algérienne, en particulier Idir, Amazigh Kateb, Kamel Harrachi, Souad Massi, Khaled, Djazzia Satour… -Avec quel artiste algérien aimeriez-vous collaborer si l'occasion se présentait ? J'aimerais me produire avec le chanteur Idir !