L'image est source de magie pour ce garçon au regard innocent qui a toujours rêvé de se lancer dans le monde du 7e art. Fondateur par ailleurs de la société Saphina Production, qui compte plusieurs projets réalisés et d'autres en cours, Mounès Khemar vient d'obtenir la mention spéciale du jury, lors d'un festival en Tunisie, pour son court métrage N'rouhou. Ecoutons-le L'Expression: Vous venez de rentrer de Tunisie où vous avez participé au Festival international du film amateur de Kelibia avec votre premier court métrage intitulé N'rouhou; peut-on en savoir plus? Mounès Khemar: Effectivement, j'y ai participé avec mon premier court métrage réalisé il y a deux ans avec des amis et ce, avec une simple caméra mini DV dans une maison, donc sans moyens ni aide d'un producteur quelconque. On m'a parlé ainsi de ce festival à qui j'ai envoyé mon film, et à ma surprise, il a été reconnu et a obtenu la mention spéciale du jury international car il y a trois catégories de compétition : nationale, d'école et internationale. Il faut noter que c'est la seule participation algérienne aux côtés des autres films dont ceux de la France qui a participé avec 18 films, la Tunisie avec 50, l'Allemagne avec 14 films, etc. Un seul film algérien sur 150 et pourtant une distinction à part entière. Vos impressions là-dessus? Cela m'a vraiment flatté d'autant que c'est la première fois de ma vie que je participe en compétition à un festival international, surtout que c'est un film qui a été fait avec peu de moyens avec des copains et rien d'autre comparé aux autres réalisés en pellicule et l'équipe conventionnelle. J'étais en plus honoré car je représentais l'Algérie même si c'était avec un seul film, ce dernier a été remarqué et primé. Après le premier court métrage, vous ne vous êtes pas arrêté en si bon chemin puisque vous avez travaillé comme assistant sur de nombreux films et entamé récemment la réalisation d'un nouveau court métrage à caractère social. Pourriez-vous nous en parler? Je n'aime pas trop parler de mes films avant leur sortie pour ne pas gâcher l'effet surprise, néanmoins je peux vous dire qu'entre-temps j'avais, bien sûr, déjà tourné un documentaire à Paris en collaboration avec la Femis intitulé Derrière nos reflets, aussi j'avais fondé ma société Saphina qui est devenue productrice de films dont N'rouhou, avec aussi une expérience sur un long métrage intutulé: le choix de Phillipe Faucon dont l'Expression avait couvert le tournage. Je compte plusieurs projets en effet en tant que producteur et réalisateur, le dernier en date: j'ai réalisé dernièrement un court métrage où l'histoire racontée a trait à la nuit de noces. Cela s'appelle Examen blanc qui est en post-production. Entre-temps, on se prépare à la production d'un court métrage intitulé l'Antenne que Yanis Koussim réalisera d'ici la fin septembre. Mounès Khemar est un jeune, dynamique et ambitieux, qui a décidé d'oeuvrer dans le domaine cinématographique. Question bateau: pourquoi ce choix? Parce que c'est un rêve d'enfant, c'est une passion, c'est ma façon d'exister tout simplement. On n'a pas eu la chance de l'avoir, nous avions été privés pendant longtemps de ce monde-là dans notre pays, surtout nous les jeunes. Il n'y avait pas d'école. Et là, depuis ces quatre dernières années, et grâce aux moyens technologiques et avec la relance du cinéma, on compte quand même profiter, faire des projets, parler de nous et de notre pays et de rajouter notre expression cinématographique dans le monde, car je juge qu'on a été trop occultés alors qu'on a beaucoup de choses à raconter et là, on compte vraiment le faire. J'ai profité de certains films sur lesquels j'ai travaillé pour acquérir une certaine expérience et de toute façon, on n'arrête jamais d'apprendre. Quel est en fait votre penchant cinématographique, est-ce le court métrage, le documentaire, la fiction et pourquoi? C'est une excellente question, je pense plus à la fiction, quoique je découvre le documentaire, mais je pense que c'est une étape encore lointaine. Je m'intéresse surtout à la fiction. J'ai un projet de long métrage mais avant, j'ai envie de développer mon langage cinématographique sur des courts métrages, essayer d'apprendre le maximum. En fait, le court métrage n'est pas une étape de progression. C'est un genre à part, c'est comme on dit en littérature, il y a le roman et les nouvelles. Pour l'instant, j'ai les moyens de faire des courts métrages, j'ai envie de le faire de la meilleure façon possible et de me faire reconnaître par les professionnels du monde entier pas seulement de mon pays. Le long métrage est une étape pas si lointaine mais que je prépare avec beaucoup de travail. Un dernier mot tout de même sur le côté symbolique que dégage votre court métrage N'rouhou et qui charrie tout un discours sur la vie de chacun. Sans vouloir être long, le film est basé plus sur une idée qu'une histoire. J'ai voulu en mettre un maximum de symboles pour que chacun y décèle sa propre histoire. C'est pourquoi j'ai utilisé des choses très simples, basiques. Ce que j'ai voulu raconter grosso modo c'est comment échapper au pouvoir de l'autre. Ce dernier peut provenir de la famille, voire des traditions, du système, de l'argent même, de notre propre conscience par rapport à nos habitudes... L'histoire est celle de deux pions de deux clans différents qui se livrent bataille. Ils doivent s'enfuir et voir ailleurs pour pouvoir s'aimer. Ce sont des modèles ou symboles très basiques mais chacun peut y coller sa vie. Ce que j'ai voulu raconter c'est ce que tu ressentiras quand tu verras le film et ce n'est pas forcément ce que je vais ressentir moi. Chez nous, enfin, ce pouvoir se décline sous plusieurs formes. O. H.