Il y a un inextricable embrouillamini dans le foncier qui ne plaide pas en faveur de l'essor de l'agriculture, ou plutôt qui l'entrave foncièrement : des terres EAI, EAC, des terres communales, des terres arch… La petite ville de Berriche, qui portait le nom de Jean Rigal à l'époque coloniale, s'offre aux regards du voyageur dès que celui-ci quitte la RN80. Il est huit heures du matin, et l'air est encore frais en cette fin du mois d'octobre. Le centre de formation professionnelle, nouvellement érigé, attire l'attention par son imposante structure. Il a plutôt l'aspect d'un centre culturel ou d'un établissement scolaire. Nous voyons des gens rejoindre leur travail. La petite polyclinique, de son côté, n'a pas changé depuis les années 1980. Elle a juste subi les aléas du temps. Pourtant la ville a connu une notable extension en matière d'habitat et en nombre d'habitants. Presque 20 000 âmes y résident. La grande rue, tracée au cordeau, est bordée de grands arbres qui cachent au regard les minuscules habitations et les petites boutiques. La place centrale compte au moins six cafés qui se partagent la clientèle, constituée surtout de vieux fellahs. La mairie dispose de locaux datant de l'époque coloniale ; ses bureaux sont dans un état de décrépitude avancé, nécessitant bien des aménagements. Même constat pour les bureaux de la délégation agricole communale. Ils sont vétustes et manquent d'équipements. Boukeddah, fellah de son état, rencontré sur les lieux, nous fait part de ses préoccupations quant à l'alimentation de son bétail : «La saison écoulée a été marquée par la sécheresse, et aujourd'hui nous sommes dans le besoin, nous n'avons rien.» Selon lui, tous les agriculteurs sont inquiets d'autant plus que la campagne labours-semailles est proche. Une commune à vocation agricole Il ne faut pas oublier que Berriche est une commune à vocation agropastorale avec plus de 600 fellahs. Disposant d'une surface agricole de 17 000 ha, c'est l'une des régions les plus fertiles. La richesse du sol est un véritable atout à exploiter. Au cours de ces dernières années, plusieurs centaines d'hectares ont été plantés d'arbres fruitiers : pommiers, oliviers, amandiers, pistachiers… mais à cause des dernières inondations, plusieurs sont morts, notamment des amandiers et pistachiers. L'on compte surtout sur la céréaliculture et l'élevage ovin et bovin. Le secteur agricole occupe 44% des travailleurs actifs. Nous avons toutefois remarqué que ce sont les gens du troisième âge qui s'occupent des terres. A craindre sérieusement pour la relève. Le responsable de la délégation communale agricole, Hacène Siouane, nous a fourni quelques informations. La commune compte à peu près un millier de gens versés dans le secteur agricole, entre éleveurs, agriculteurs, apiculteurs, aviculteurs et maraîchers. Le maraîchage connaît un certain développement depuis la dernière décennie, avec surtout la culture des légumes de saison, tant à Souinia qu'à Leghdir, Birga et Bir Rogaâ. D'autres filières agricoles connaissent, néanmoins, un regain d'activité, comme l'apiculture, l'aviculture. De mars à juin, la vaccination contre la clavelée, la brucellose et la fièvre aphteuse a ciblé 20 000 ovins et bovins. Beaucoup de fellahs de la région souhaiteraient avoir des actes de propriété des terres qu'ils exploitent depuis des décennies, et ce afin de mettre un terme aux litiges existant entre eux, notamment ceux qui s'occupent des exploitations collectives et individuelles, 156 EAC et EAI. Les problèmes du foncier persistent toujours et portent un sérieux coup à l'essor agricole de la commune. Le même responsable nous apprend qu'il existe dans la commune une association équestre qui s'occupe de l'élevage de chevaux de race, essentiellement des bardes (environ 30 individus). Grâce à cette association, la pratique de la fantasia est toujours de mise. Mais l'on a besoin de l'aide de l'Etat pour développer l'élevage équin pour le bien de ce sport et de sa pérennité. La vie urbaine, des hauts et des bas Les problèmes ne s'arrêtent pas seulement à l'agriculture. De son côté, un habitant de la cité des 100 Logements se plaint de la dégradation de l'environnement immédiat. La commune qui s'étend sur une superficie de 33 km2 dispose de 6 quartiers, et le nombre des mechtas avoisine la vingtaine. Dans les cités, les immeubles sont dans un état lamentable et il y a un grand problème d'étanchéité. D'autres cités érigées au temps de la révolution agraire sont dans une situation aussi déplorable. Les vieux quartiers abritent tout de même de belles maisons, parfois avec un ou deux étages. Pourtant, les jeunes d'ici n'ont rien. D'ailleurs, l'on remarque par-dessus tout, le grand nombre de J 9, lesquels se déplacent à Aïn Beïda toutes les demi-heures. Un vrai ballet qui ne cesse qu'une fois le soir venu. A l'APC, un responsable nous déclare que le chômage est très élevé et touche particulièrement la frange des jeunes. Dans le secteur de l'éducation, la commune compte 13 écoles, 2 CEM et un lycée. En 1976, Berriche, en raison de sa vocation agricole a été érigée en village éponyme, un village qui s'est ajouté au bourg colonial déjà existant.