Les artères de la capitale des Bibans étaient presque désertes juste après la prière de l'Aïd Al Adha, le sacrifice du mouton ayant retenu dans leurs foyers les habitants jusqu'en fin d'après-midi. Tôt le matin, seuls des bouchers et des sacrificateurs sillonnaient la cité à la recherche de clients. Aux environs de 7 h, des personnes, vêtues d'habits traditionnels flambant neuf convergeaient vers les nombreuses mosquées de la ville. A la mosquée Aboubakeur Seddik, au quartier des 12 Hectares, les rangs des fidèles ne cessaient de se gonfler au fur et à mesure que s'approchait le moment de la prière de l'Aïd. Les quelques paillasses étalées sur l'esplanade ont été vite occupées. Les nouveaux venus sont restés debout, évitant de s'asseoir à même le sol car faisait très froid, à peine 6°C ; ils ne sont rentrés dans les rangs qu'une fois l'heure de la prière arrivée.Le prêche terminé, les fidèles se sont bousculés pour se frayer un chemin dans l'immense marée humaine pour se précipiter vers leurs foyers afin de procéder au sacrifice du mouton. Dans plusieurs cités de la ville, des habitants égorgent leur mouton en pleine rue. Cette activité informelle est tolérée par les gestionnaires de la ville malgré la pollution qu'elle génère dans les rues. Pour éviter que celles-ci ne soient envahies par le volume des déchets produits ce jour-là, les représentants de la commune avaient prévu deux passages des services de la voirie pour effectuer la collecte des ordures. Pratiquement, les Bordjiens, de leur enfance, gardent beaucoup de souvenirs, particulièrement ceux de l'Aïd El Adha, puis que la tradition veut que les enfants assistent au sacrifice du mouton. Grande fête célébrée dans la liesse et la joie gastronomique, Aïd El Adha est aussi un moment de solidarité. Cette solidarité dépasse l'aumône, le partage et l'offre de nourriture, et prend une dimension humaine non négligeable. En effet, cette année plusieurs associations locales ont décidé de lancer une opération d'entraide au profit des familles les plus démunies, qui ont bénéficié de viande afin d'organiser leur repas en famille à l'occasion de l'Aïd Al Adha. «Pour arriver à cela, nous avons établi une liste de plusieurs familles en difficulté à laquelle nous avons joint un état de femmes vivant seules. Nous avons collecté des dons et avons, en partenariat avec une boucherie, acheté des moutons et de la viande que nous leur avons distribués. Les gens étaient très contents du fait que l'on a pensé à eux, d'autant plus qu'ils n'avaient pas été prévenus de notre démarche. Les familles ayant des enfants à bas âge eu droit à un mouton et des vêtements», a déclaré un représentant d'une association caritative.