La Casbah d'Alger fait encore parler d'elle. Elle fait couler beaucoup d'encre et de salive. Elle a connu tant de programmes de réhabilitation concoctés depuis l'indépendance, mais voués à l'échec. Depuis le début du nouveau millénaire, le ministère de la Culture et la wilaya ont pris le taureau par les cornes pour tenter de redorer le blason terni de l'antique cité. Un autre canevas est, dès lors, mis en place quant à une étude plus soutenue, passée au peigne fin pour sauver ce qui reste à sauver d'un patrimoine universel qui s'amenuise au fil des ans. Elaboré par l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés avant d'être adopté par l'APW, il y a plus de six mois, le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de La Casbah d'Alger est toujours à l'examen, rassure-t-on. Comme dit l'adage populaire : «Ecchy l'mlîh ittaoûl» (réaliser de la belle ouvrage exige de la réflexion et du temps). Dix-sept BET ont planché sur la première phase de travaux de confortement – sans compter cinq autres BET et PKZ qui occupent la Citadelle –, en attendant la seconde opération d'urgence qui doit se mettre au chevet des demeures menaçant ruine. La phase de restauration tarde à voir le jour. Le lancement de l'opération reste tributaire du décret exécutif au moment où la moitié des 780 douérate crient leur peine, nécessitant des travaux d'urgence dont l'enveloppe allouée dépasse les 900 000 000 DA, mobilisée par la loi de finances complémentaire de 2010. Mais ce qui demeure invraisemblable, ce sont les premiers travaux de réhabilitation pour les cinq prochaines années (2010-2014) concernant plus de 700 bâtisses, dont le coup de starter de l'opération n'est pas encore donné. Ce qui frise aussi le loufoque, c'est admettre de restaurer en trois ans – car décembre 2014 c'est dans 37 mois – ce qu'on a échoué de réaliser depuis 37 ans pour ne pas dire au sortir de la guerre de Libération nationale… Et passe du sempiternel squat des bâtisses murées, du conflit juridique que posent les héritiers sur le bien-fondé de leurs propriétés outre le tracas des 150 dossiers de propriétaires (?) qui tiennent à faire l'offre à l'Etat (vente), dans le cas où ces derniers ne seront pas éligibles à réoccuper les lieux après restauration. On voudrait bien ne pas avoir raison. Avoir tort sur toute la ligne, mais entre les vœux et les faits, la réalité reste têtue. A charge pour notre pays, qui vient d'être élu au premier tour au Comité du patrimoine mondial de l'Unesco (2011-2015), de nous rabattre le caquet. De relever le défi.