Le Mouvement démocratique et social (MDS) dresse « un tableau noir » des cinq premiers mois ayant suivi la réélection de Bouteflika, et ce, sur le triple plan politique, social et économique. Le conseil national de ce parti, qui s'est réuni le 2 septembre dernier en session ordinaire pour examiner le contexte politique national et international, a relevé le caractère « grave, complexe et contradictoire » de l'évolution de la situation politique que traverse le pays. Le secrétaire général par intérim du MDS d'El Hachemi Cherif, Ali Hocine, qui s'exprimait hier dans une conférence de presse, a étayé ce constat alarmant sur le plan politico-idéologique en évoquant, en général, le durcissement affectant les libertés démocratiques et la presse indépendante, en particulier. Pour le conférencier, cet « acharnement » sur les libertés dénote le caractère « autoritaire » du Pouvoir. Un Pouvoir qui se retrouve, selon lui, « conforté » par le soutien islamiste. Ali Hocine relève le paradoxe de l'Alliance présidentielle « contre nature », celle constituée par les partis du RND, les redresseurs et le MSP en l'occurrence. Parallèlement à cet état de fait, le responsable du MDS a regretté le fait que « la classe politique reste toujours sous le choc des résultats du scrutin du 8 avril dernier, préoccupée par son propre avenir que par celui du peuple ». De ce fait, le MDS exprime son soutien aux citoyens qui se battent en faveur des libertés démocratiques. Non sans omettre de considérer que « l'ampleur de la contestation (syndicale et autres) pose l'exigence d'une plus grande coordination des actions qui s'inscrivent toutes dans la perspective de la transition vers un Etat moderne ». Sur le plan économique, Ali Hocine a mentionné que le « peu d'enthousiasme » qu'ont affiché les investisseurs étrangers, au-delà de l'aspect sécuritaire, s'explique par le caractère rentier du système. Le responsable du MDS est apparu critique, par ailleurs, quant à la capacité du gouvernement d'utiliser rationnellement les 50 milliards de dollars destinés au soutien de la croissance économique. « On se demande si vraiment de simples citoyens vont bénéficier de cette somme », s'interroge-t-il. La situation est loin d'être reluisante sur le plan social, selon le MDS. Pour preuve, celle-ci est caractérisée, selon ce parti, par « des atteintes sérieuses au pouvoir d'achat et aux conditions de vie ». Pis, selon Ali Hocine, « les réformes hospitalières risquent de rendre encore plus inaccessible l'accès aux soins aux couches les plus démunies ». Enfonçant davantage le clou, Ali Hocine estime que « le Pouvoir ne dispose ni de volonté politique, ni de confiance réciproque avec la société, ni de la vision stratégique et des capacités de mobilisation ». Et pour cause, selon lui, « les intérêts fondamentaux de la société sont en contradiction essentielle avec ceux du système ». Cela étant, le MDS considère que la seule réponse à apporter au problème posé par le code de la famille est l'abrogation pure et simple de ce texte. Pour Ali Hocine, cela ne sert à rien d'amender ce code qui pose un problème de société. Notre interlocuteur voit en la démarche relative aux amendements du code de la famille un « manque de cohérence » si bien que, selon lui, « sa réalisation demeure problématique ». Pour le responsable du MDS, « cette avancée est hypothétique et reste en deçà des exigences pour la consécration de la citoyenneté et de la libération des forces vives ». Une consécration qui passe, selon lui, par « l'établissement de lois égalitaires impliquant la nécessaire séparation du politique et du religieux ». Ali Hocine estime en fait que la meilleure garantie pour la libération de la femme reste « l'amélioration des conditions générales de la lutte et de la représentation politique ». Le MDS met l'accent, par ailleurs, sur la nécessité de poursuivre la lutte contre le terrorisme pour « briser définitivement la matrice idéologique islamiste ». Le MDS a estimé enfin que l'université d'été organisée par ses militants le mois d'août dernier a été un succès encourageant. La réussite de ce rendez-vous, a-t-on indiqué, permettra de mieux préparer le congrès du parti prévu les 9, 10 et 11 décembre prochain.Contrairement à l'état des lieux, plutôt négatif, le MDS a, concernant les questions internationales, trouvé du positif dans la politique du gouvernement. Ce parti considère, à ce propos, que « le redressement net » de la position de l'Algérie concernant la question du Sahara-Occidental « constitue une attitude plus honorable, plus conforme au respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et au respect du droit international ».