Comme celle qui l'a précédée, l'année qui s'ouvre s'annonce sous de meilleurs auspices. Elle sera vraisemblablement celle des accomplissements et de quelques grands aboutissements qui viendront couronner une démarche de longue haleine. Cela pour dire que nous sommes loin des augures imperturbables, qui, jour après jour, délivrent leurs oracles péremptoires, dissonants et pour tout dire, vains. L'année nouvelle s'ouvre aussi avec la bonne nouvelle que fût pour nous le rétablissement du président de la République et son retour au pays parmi les siens. On sait les interrogations et les inquiétudes que ce drame, d'abord humain, suscita dans les profondeurs de la nation. D'autres interrogations moins innocentes et moins sincères celles-là spéculèrent alors sur la souffrance et sur le malheur. Je ne crois pas, pour ma part, que nous ayons aujourd'hui de plus grand devoir que celui de tout faire pour donner corps et consistance à cette grande œuvre de redressement et de modernisation que le président Bouteflika a initiée, qui se déploie déjà dans tous les domaines, sur tous les plans et dans tous les ordres sous son impulsion et sous la direction du gouvernement, et qu'il importe de mener à bon port. Dans cet ordre d'idée, la charte pour la paix et la réconciliation est appelée à sous-tendre cette dynamique à l'œuvre partout en reconstituant, à mesure qu'elle délivrera ses virtualités, un ciment national gravement endommagé et mis en péril durant la tragédie qu'à connue le pays. (*) En cela, cette charte et son contenu rejoignent la fameuse maxime de Sénèque, selon laquelle « il y a autant de cruauté à pardonner à tous qu'à personne » et qu'au-delà de la répression, la mansuétude et le pardon sont à même de guérir les blessures les plus profondes. Voila le devoir premier auquel nous nous astreignons vis-à-vis de la nation, mais en reconnaissance aussi à l'homme qui a arraché l'Etat à la déshérence, la nation à la déréliction et à l'abandon, l'homme qui a su rendre l'Algérie à son vrai destin, celui d'une nation fière et entreprenante, connue et reconnue comme telle dans le concert des nations. Dans cette entreprise d'envergure, le secteur de l'Energie et des Mines entend se situer aux avant-postes ne serait-ce qu'en raison de la place qu'il occupe - la première - dans l'économie nationale et dans le compte de la nation. Aujourd'hui Sonatrach a concrétisé des partenariats avec tous les pays du monde ; elle est présente sur tous les continents, en Europe, en Amérique, en Afrique, dans le monde arabe et jusqu'en Asie où elle gère, en Corée, des docks de réserves pétrolières. Jamais ses performances n'ont été aussi élevées, non seulement en termes de volume de production et de revenus, mais également sous le rapport de la compétitivité, de la productivité et de la diversification laquelle investit toute la chaîne des hydrocarbures. Ce processus de mise à jour, de mise à niveau et de modernisation affecte de la même façon Sonelgaz, mais aussi le secteur minier, qui se restructurent l'un et l'autre et qui connaissent un dynamisme sans précédent. Des projets de grande ampleur touchant les trois grands démembrements du secteur - hydrocarbures, électricité et distribution du gaz, mines - verront le jour ou seront lancés durant l'année 2006. Pour ne s'en tenir qu'au domaine des hydrocarbures, l'investissement, dans les cinq prochaines années atteindra 33 milliards de dollars, dont vraisemblablement 8 milliards de dollars d'investissements directs étrangers avec notamment le lancement d'une dizaine d'unités pétrochimiques. Je m'en tiendrai là pour les chiffres qui ont été largement diffusés ainsi qu'en ce qui concerne les projets d'envergure en cours de réalisation ou en voie de lancement. Tout cela dénote d'un dynamisme nouveau dans lequel la loi relative aux hydrocarbures, la loi minière et la loi sur l'électricité ont joué un rôle de puissant levier comme on aura à le constater encore lorsqu'elles auront libéré toutes les virtualités qu'elles recèlent, ce qui demandera de 3 à 5 années. Voilà donc un secteur qui bouge, un secteur qui n'est ni immobile ni insensible à l'air du temps et aux mutations du monde. Comprendre l'époque dans laquelle on vit, le monde tel qu'il est devenu, le temps dans ses changements. Bref, être de son temps et savoir choisir au bon moment le bon train, ce qui implique que l'on sache aussi s'accrocher solidement au quai et laisser filer les idées courtes, ces trains furtifs qui déplacent beaucoup que le premier tournant efface d'un coup. Etre de son temps c'est savoir être à l'écoute, être réceptif aux idées, aux observations et aux critiques d'où qu'elles émanent, une préoccupation qui nous a par exemple conduit à retarder de trois années la présentation de la loi relative aux hydrocarbures devant le Parlement. Etre de son temps, c'est arbitrer en tâchant chaque fois de prendre la meilleure option, ce qui impose de ne trancher sur rien avant d'avoir examiné tous les côtés opposés, tous les angles d'attaque qu'offre le problème qu'il s'agit de résoudre. Etre de son temps, c'est courir des risques, c'est plutôt savoir courir des risques raisonnables, car ne court de risques que celui qui entreprend - et se garder constamment d'entrer dans des engrenages que nous ne dominons pas. Et la puissance que l'on prête à Sonatrach, à Sonelgaz et à d'autres entreprises du secteur ne les dispense jamais du recours aux moyens de la sagesse, de la raison, du discernement, de l'imagination et de la transparence, ce qui suppose l'exercice constant d'une éthique intraitable à l'interne, mais aussi à l'international où l'Algérie s'est forgée parmi ses partenaires une réputation de pays fiable qui respecte quoi qu'il lui en coûtât ses engagements et qui ne cède jamais à la facilité de la puissance. Dans un secteur qui bouge mais qui ne gesticule pas, un secteur assuré de sa démarche, bien conscient de tous les enjeux, qui s'efforce de porter loin son regard et qui, en tout cas, est très éloigné des tâtonnements de ce myope qui a perdu ses lunettes ; un secteur qui incorpore sans cesse des éléments nouveaux dans sa démarche. Et s'il est réfractaire aux pressions indues du dehors, il ne l'est pas aux influences du temps dans lequel il se meut. Les femmes et les hommes qui animent et qui encadrent ce secteur ne sont pas de ceux qui regardent leurs pieds quand le pays attend d'eux qu'ils lèvent le nez pour humer à pleins poumons l'air du temps et regarder devant. Ce sont des acteurs de progrès, forcément ambitieux pour leur pays, recherchant sans cesse l'innovation et la performance, poursuivant sans désemparer la compétition, dans un environnement complexe et mouvant où ils observent chaque jour des pays émergents, surgir tout à coup sur le devant de la scène et afficher un développement aussi soudain qu'agressif. Cette rigueur qui se conjugue avec une volonté tenace d'ouverture et de transparence, nous a toujours commandé d'exécuter scrupuleusement, je veux dire avec exactitude, les plans que nous avons arrêtés, sans jamais céder sur l'essentiel, quitte à laisser la partie belle à ceux qui font métier de dénigrer. Là réside notre satisfaction qui n'est pas de vanité et qui ne cède jamais à l'euphorie de l'autosatisfaction. Nous sommes bien conscients de nos faiblesses, de nos déficiences et de nos insuffisances. Dans le domaine de la communication par exemple qui était longtemps demeuré en jachère et qui en tout cas était perçu comme une sorte d'alibi ou d'accessoire commode dont il fallait orner les organigrammes et qui offrait en même temps une sinécure inespérée à tel cadre qu'on avait décidément trop longtemps laissé croupir dans quelque tiroir oublié. Depuis trois années environ, des avancées appréciables ont été acquises dans ce domaine, les publications fleurissent et la fonction communication, d'accessoire qu'elle était, est désormais considérée comme une fonction managériale à part entière ; des réflexes nouveaux se font jour dans le registre de la communication proactive comme dans celui de l'information réactive. Une importante initiative sera lancée cette années qui impliquera le secteur dans tous ses démembrements et qui aura pour objet de faire le point des acquis et de proposer des idées et des projets forts pour l'avenir, avec le souci de promouvoir les talents et les compétences dans cette fonction névralgique. Il s'agit donc de lutter sans relâche contre la neurasthénie dans laquelle certains semblent se complaire, contre « ces gens épanouis devant les désastres publics » pour reprendre une formule de Tacite, les appelant même de leurs voeux, mais rétifs et contrits face aux accomplissements salutaires. L'humanité, selon Goethe, avance dans « ce brouillamini d'erreurs et de violences » que tisse l'histoire vivante et c'est ce brouillamini qu'il s'agit jour après jour, de démêler afin, autant qu'il est possible, d'y voir clair. C'est cette obstination lancinante de l'Algérie de demeurer maîtresse de son destin, de le régler soi-même, et d'y pourvoir qui nous anime. Et en tout cas, le peu que nous aurons fait, servira, j'en suis persuadé, de base d'envol pour toucher à des buts plus lointains qui concernent les générations à venir. Rien ne nous guérit d'espérer et d'entreprendre. C'est notre devise, dont rien, ni personne ne nous fera déprendre.