Film n Projeté, dimanche dans le cadre de la semaine du cinéma européen à la salle Ibn Zeydoun, ce long métrage comporte très peu de mots, mais le silence peut, parfois, être très éloquent. L?histoire du film réalisé par le Belge Frédéric Fonteyne, raconte Elisa la femme de Gilles qui commence peu à peu à avoir de drôles d?idées, avant que ses doutes ne se confirment. Une certitude s?abat, insupportable pour elle : Gilles entretient une relation amoureuse avec Victorine, la s?ur d?Elisa. Elisa ne fait rien, garde le poids de la trahison pour elle. Elle souffre seule et en silence jusqu?au jour où Gilles lui avoue son amourette. Elisa ne réagit pas. Elle ne lui fait pas de scènes ni de quelconques reproches. Elle semble accepter et va jusqu?à aider Gilles dans son épreuve. Si Elisa agit de la sorte, c?est parce qu?elle est aimante et généreuse, timide et sereine. C?est aussi une femme résignée : toute nonchalante, elle se laisse aller. Elle finit par se consumer de l?intérieur et se donner à la fin, la mort. La Femme de Gilles est un film qui comprend très peu de mots. Le scénario ? ou le dialogue ? est dans les gestes, le regard, dans le jeu des protagonistes ainsi que les rapports qu?ils entretiennent entre eux. Ils n?ont pas besoin de dire, de parler pour que comprendre un fait, décrire une situation, justifier un acte. Tout est dans le comportement et dans la situation où évolue et s?affirme la personnalité de chacun. Dépouillé quasiment de dialogue, le film se veut presque muet ; et dans ce silence quasi permanent mais point pesant ou lassant, l?histoire se dit dans sa simplicité et sa beauté, dans sa mélancolie et sa sensibilité, dans sa richesse et sa vérité. Frédéric Fonteyne, le réalisateur, a su, en se débarrassant de ces choses qui interfèrent dans un film et qui ne s'avèrent finalement pas essentielles, conférer à l?histoire toute son originalité et rendre compte, d?une manière nouvelle, le jeu des personnages qui suffit à dire une histoire, d?autant plus que le jeu d?Emmanuelle Devos (Elisa), Clovis Cornillac (Gilles) et Laura Smet (Victorine), juste et avéré, juste ce qu?il faut pour rendre compte d?une réalité, a fait du film un fait prenant, authentique. A souligner que La Femme de Gilles est une adaptation du roman du même nom de l?écrivain belge Madeleine Bourdouxh.