Une conspiration qui vise l'ANP à travers ma personne.» C'est ainsi qu'a interprété le général à la retraite, Khaled Nezzar, les poursuites judiciaires dont il a fait l'objet en Suisse, où il avait été interpellé en octobre dernier. Dans un entretien accordé, hier, à notre confrère, Le Soir d'Algérie, le principal artisan de l'arrêt du processus électoral en 1992 réitère sa conviction que «cette action était salvatrice pour le peuple algérien». «L'armée, héritière de l'ALN, est intervenue contre la violence dans le cadre de la loi sans recourir aux méthodes qui ont déshonoré tant d'autres armées dans nos régions», estime-t-il dans cette interview qui est sa première sortie médiatique depuis son interpellation à Genève (Suisse), suite à une plainte de l'association Trial. Refusant d'émettre des commentaires sur cette association, Khaled Nezzar charge, en revanche, les ONG internationales : «Je n'ai aucun commentaire à faire sur Trial. Pour ce qui est des ONG, celles qui se sont autoproclamées gardiennes des droits de l'homme, elles sont perçues par nos opinions publiques comme la bonne conscience sélective de l'Occident (…)» Sans citer les auteurs de «cette conspiration», l'ancien ministre de la Défense fait allusion aux ex-responsables du FIS. «Rien n'est plus gratifiant pour ceux auxquels l'ANP a, jadis, barré la route que de voir un de ses anciens chefs sur la sellette. Quelque part, c'est une tentative d'obtenir, par ricochet, la condamnation par la justice des nations qui comptent de l'action salvatrice de janvier 1992», dit-il. Il affirme qu'il a été accusé en tant qu'ancien chef de l'armée et «qu'au-delà de sa personne, c'est toute l'institution militaire qui est visée à travers cette affaire». «On ne peut pas citer à comparaître toute l'armée. On incrimine donc celui qui la commandait», précise-t-il, indiquant qu'il bénéficie du soutien de l'Etat algérien et son Président. Clamant son innocence, Khaled Nezzar affirme que la violence que réservaient les anciens dirigeants du FIS au peuple algérien pouvait être terrible. Il cite, dans ce sens, quelques déclarations du n°2 du FIS, Ali Benlhadj : «La démocratie est mécréance et si le peuple vote contre la loi de Dieu (la charia), cela n'est rien d'autre qu'un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer ces mécréants…» Selon lui, l'ANP a donc pris ses responsabilités pour «empêcher la ''kaboulisation'' de l'Algérie». «Que des mémoires à œillères le perçoivent différemment, maintenant que le danger est passé, est dans la nature des choses. On peut s'en indigner, mais il faut faire avec (…) L'armée, dans son action, a conforté le multipartisme (…) elle a tout fait pour que le dialogue entre les Algériens soit le moyen de régler les différends, elle a surtout initié une politique de la main tendue et du pardon en direction de ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays», ajoute-t-il, affirmant qu'il s'est mis à la disposition de la justice suisse.