La rencontre tenue récemment à Constantine pour commémorer l'anniversaire du martyr Didouche Mourad a failli tourner court. Un véritable bras de fer engagé en présence des autorités locales et des nombreux invités a mis aux prises le bureau de la wilaya de Constantine de l'organisation nationale des moudjahidine avec les membres de la jeune association nationale Ligne de Novembre 1954, dont la création remonte à 1998, selon l'un de ses fondateurs. Les hostilités ont commencé juste avant la rencontre abritée par l'université Emir Abdelkader lorsqu'une main anonyme est venue rayer d'un coup de marqueur la mention du bureau de l'ONM sur l'affiche de la première rencontre nationale consacrée au 51e anniversaire du martyr Didouche Mourad dit Si Abdelkader, tombé au champ d'honneur le 18 janvier 1955 dans la bataille de Boukerkar dans la région de Constantine. Si la réaction des concernés ne s'est pas fait attendre pour rétablir les choses, la bataille aura pour champ la tribune du forum où les partisans de l'ONM et ceux de l'association Ligne de Novembre 1954 se livreront à toutes les manœuvres pour le contrôle du bureau du forum. Dans les coulisses, les débats n'étaient pas beaux à voir provocant l'indignation des invités dont des membres de la famille de Didouche Mourad, venus prendre part aux débats et autres conférences et témoignages devant marquer l'événement. Le wali de Constantine, tellement embarrassé par la tournure des débats ayant pris des dimensions imprévues, a été obligé de rester à l'écart en attendant le dénouement qui finira par se dessiner au prix d'interventions énergiques de la part de certains sages. Si le compromis a été trouvé en décidant de confier la direction du forum à un bureau composé à égalité par des membres des deux parties belligérantes, la rencontre elle-même fut complètement gâchée, surtout que parmi l'assistance composée essentiellement d'étudiants et autres intéressés, nombreux ont vite fait de quitter les lieux. Alors que les incidents survenus sur la scène de la salle des conférences Abdelhamid Ben Badis ne sont que la partie visible de l'iceberg, les véritables raisons de cette mêlée sont à situer ailleurs. Une véritable guerre d'héritage semble être engagée à Constantine entre une organisation des moudjahidine qui tient toujours à son rôle de gardien du temple et une association qui commence à déranger en dénonçant des pratiques qu'elle classe dans la colonne des déviations qui n'ont fait que ternir, aux yeux de la jeune génération, l'image de la révolution de Novembre 1954 et celle de tous ses acteurs.