Samedi 20 novembre 1954, un impressionnant dispositif militaire est déployé autour de la ferme du Caïd Dali Ben Chaouf à Medjez Sfa (Guelma), où se trouvaient 16 jeunes hommes armés de revolvers et de mitraillettes, mais surtout d'une conviction inébranlable quant à l'algérianité de cette terre, et qui ont juré de mourir les armes à la main. C'est à 6 h du matin que les responsables militaires des forces de l'occupation ont donné l'assaut contre ce groupe de moudjahidine parmi lesquels Badji Mokhtar. Grièvement blessé, ce dernier a fait feu sur les parachutistes avant de s'écrouler atteint de plusieurs balles. Ce haut fait de la glorieuse révolution algérienne sera célébré demain par les autorités locales des wilayas de Souk Ahras et de Guelma dans un contexte de (re) lecture d'une page de notre histoire commune mais aussi d'enseignements par ces temps d'idéologies ravageuses à l'affût du moindre signe de subversion. Né à Annaba en 1919, Badji Mokhtar a vécu à Souk Ahras jusqu'au jour où il a décidé de prendre les armes contre le colonialisme français. Il a été un brillant élève et a décroché son CEP en 1934. En 1936, il est inscrit au groupe scolaire (ex-CEG) de Souk Ahras et c'est à partir de ce moment qu'il a commencé à faire preuve de sensibilité face aux disparités existantes entre européens et musulmans, tels que qualifiés à l'époque par l'administration. Les scouts musulmans algériens (SMA) ont constitué le premier canal qui lui a permis d'entrer en contact avec ses anciens camarades de classe, notamment Mohamed-Larbi Madi, Abdelaziz Kader et Ahcène Belaboudi.Il a participé à la création des premières cellules du PPA en 1940 et ensuite à l'OS en 1950. Arrêté, la même année, il a été soumis à des interrogatoires et torturé dans les locaux de la police de Annaba. Badji Mokhtar n'en sortira que convaincu que la lutte armée était l'unique moyen de débarrasser le peuple du joug de l'occupation. Avant de passer à l'action révolutionnaire, il a mis sur pied un comité local ayant pour mission l'information, la liaison et le contrôle. Ce comité était composé de sept membres dont Abdelkrim Nouri, Kaddour Harireche et Tidjani Boutayeb.