L'épisode actuel du Koweït ressemble à une péripétie kafkaïenne, car la nature de la succession dans les régimes arabes reste, à quelques exceptions près, hostile à tout jeu d'alternance au pouvoir. Hormis les expériences du Liban et de l'Algérie, mais aussi de la Palestine, les autres pays arabes sont plongés, depuis leur indépendance, dans une longue léthargie imposée par les régimes en place. La succession au pouvoir se fait de père en fils sur un simple testament écrit ou par une élection fermée sous un habillage démocratique. Seuls les coups d'Etat ou la mort peuvent venir à bout d'un mandat. De l'Arabie Saoudite au Maroc, en passant par la Jordanie, l'Egypte et la Tunisie, les dirigeants politiques se succèdent à eux-mêmes au sein de régimes monarchiques absolus ou de pouvoirs autoritaires. En Egypte, sous l'état de siège depuis l'assassinat d'Anouar Sadate, le général Hosni Moubarak dirige le pays d'une main de fer, depuis 25 ans. Hosni Moubarak est en train de préparer la succession à son fils Gamel. Aymen Anwar, seul opposant sérieux de Moubarak, lors de la dernière élection présidentielle, a été jeté en prison après une cabale judiciaire. En Tunisie, une autre république de façade, le général Zine El Abidine est seul maître à bord avec quatre mandats consécutifs depuis la mort de Bourguiba, en novembre 1987. La Libye, également, n'arrive toujours pas à se débarrasser du régime stalinien de Maâmar El Kadhafi, qui a pris les rênes du pouvoir depuis 1969. Dans les pays du Golfe, le pouvoir héréditaire est érigé en règle sacro-sainte depuis le recouvrement de la souveraineté par ces monarchies pétrodollars. Que ce soit en Arabie Saoudite, au Yémen, ou encore à Oman, Qatar ou au Koweït, la population est confinée dans des émirats, Etats islamiques ou monarchies absolues. Toute opposition politique ou élection libre sont proscrites, voire bannies par les lois fondamentales de ces pays. L'allégeance fait office d'une élection. La Ligue arabe, qui devrait servir de tribune pour le débat démocratique, illustre, d'une manière éloquente, l'immobilisme qui frappe les régimes arabes. Il aura fallu un forcing politique, lors du Sommet d'Alger, pour que la Ligue arabe accepte de se doter d'un Parlement arabe. La rigidité des régimes arabes est, encore, plus dénuée de tout fondement politique sachant que le Liberia et le Chili, deux pays sous-développés, ont voté, récemment, leurs femmes présidentes. Les spécialistes en politique recommandent, en guise de solution, de fixer une durée aux mandats présidentiels et de transformer les régimes monarchiques en monarchies constitutionnelles. Il suggèrent, également, une transition graduelle et négociée du pouvoir vers des formes de gouvernement plus représentatif. Si les leaders arabes ne prennent pas une initiative interne et adaptée pour instaurer les mécanismes d'une alternance démocratiques dans la région, le GMO américain s'impose comme une légitime alternative.