La France et les USA qui se livrent une bataille diplomatique sur la scène internationale coopèrent avec le quarteron arabe, Egypte, Arabie Saoudite, Qatar et Jordanie. Le monde arabe est parti sur une idée de s'unir suggérée par les anglais au lendemain de la Seconde guerre mondiale. L'idée née, la première divergence apparaît. Au croissant fertile constitué par la Syrie, Jordanie, Irak et Palestine, l'Egypte oppose un contre-projet à Alexandrie pour la création de la Ligue arabe. Le 22 mars 1945 marque le début des péripéties d'une organisation qui n'a pas marqué son temps. La guerre du Liban a encore une fois dévoilé au monde entier les divisions d'un monde arabe que certains veulent voir uni et solidaire pour répondre aux nouveaux défis. L'agression israélienne sur le Liban ne pouvait prendre cette allure de démonstration de force et durer tout ce temps pour une destruction totale d'un Etat sans défense si Israël ne s'était pas assuré la complaisance de certains pays arabes et le silence d'autres. Pire encore, des pays pivots ont cautionné l'acte d'agression israélien. Sans eux, les USA n'auraient pas donné libre cours à Israël d'exhiber sa suprématie militaire face à un pays démuni d'armée véritable. Si ce n'était la milice du Hezbollah, l'armée israélienne aurait pris d'assaut Beyrouth en un quart de tour de son aviation. Les divisions du monde arabe ont, encore une fois, déterminé en grande partie la physionomie de cette guerre. Hier c'était l'Irak L'alibi était tout trouvé: la dictature de Saddam Hussein. Aujourd'hui, c'est un autre scénario: la menace islamiste chiite du Hezbollah. L'attitude des pays arabes n'a pas tellement changé. Mais à voir de plus près, la désunion du monde arabe trahit les positions véritables de chacun. Agissant par stratégie politique, par cupidité, ou tout simplement par allégeance aux actuels maîtres du monde, les USA, les régimes arabes, honnis par la rue, ont montré leur vrai visage. Quatre pays ont joué les premiers rôles dans cette sixième guerre entre les arabes et Israël et se sont placés aux premières lignes de la stratégie concoctée dans les laboratoires de la Maison-Blanche. Egypte, Arabie Saoudite, Qatar et Jordanie. Ce quarteron a joué et joue encore un rôle important dans la neutralisation pour un temps donné de la Ligue arabe pour contenir tout élan de solidarité ou enthousiasme exagéré pour une éventuelle réaction négative à l'égard de l'agresseur. Ces pays sont les interlocuteurs des puissances mondiales en charge du dossier du Moyen-Orient. D'ailleurs, personne ne sait par qui ils sont mandatés pour parler au nom des Arabes. La France et les USA qui se li-vrent une bataille diplomatique sur la scène internationale coopèrent avec ce quarteron arabe. Toute solution à la crise semble passer par là. La volonté américaine s'exprime par cette voie de relais qui se veut être l'issue de secours en cas de déroute de la stratégie adoptée jusque-là pour la mise sur pied du fameux projet du Grand Moyen-Orient. La France l'a bien compris et le chef de sa diplomatie, Philippe Douste-Blazy, l'a bien exprimé, hier, en déclarant avoir multiplié les consultations avec ses homologues arabes et américains sur le projet de résolution franco-américain, après son rejet par le Liban qui demande des modifications de fond. Il a notamment dit qu'il a «eu en cette journée (hier) des consultations avec plusieurs collègues des pays arabes, notamment du Qatar, de l´Egypte, de la Jordanie et de l´Arabie Saoudite». Israël voulait et veut encore du temps pour se débarrasser de cette résistance libanaise gênante. Du temps, l'Etat hébreu en a eu suffisamment pour mener sa besogne faite d'une série effroyable de carnages de populations civiles châtiées pour avoir laissé le Hezbollah organiser la résistance au Sud-Liban. Ce n'est donc point un hasard si l'on retrouve ce quarteron de pays arabes invités à la réunion de Rome à laquelle a appelé la France et ses alliés en Europe, quand la Syrie sans laquelle rien ne peut se faire dans cette région était absente de Rome. Réunion neutralisée par les USA qui ont fait capoter une tentative de cessation des hostilités sur la base d'un document présenté par le chef de gouvernement libanais. Silence des pays arabes présents à cette réunion qui s'est terminée en queue de poisson comme souhaité par les Américains et les Israéliens. Il fallait encore du temps pour démanteler le Hezbollah. Pays du ‘'second'' cercle Le second cercle de pays arabes -de par l'attitude adoptée dans ce conflit- réunit les pays du Maghreb arabe plus préoccupés par les enjeux dans cette région nord- africaine que par autre chose. L'Algérie, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Maroc ont eu le petit rôle puisque toujours tenus à l'écart des grands enjeux du Moyen-Orient. Au-delà de la rive du Nil, les voix arabes ne portent plus. Particularité dans le tableau, le non-alignement de la partie marocaine sur le ‘'quarteron'' précité qui sont ses alliés dans la région, à savoir, les pays du Golfe. Cette fois, la politique pro-américaine des Marocains ne s'est pas exprimée de façon ostentatoire comme lors de la guerre contre l'Irak où des contingents chérifiens ont pris place parmi les forces alliées. Un troisième cercle est constitué par les trois pays de la ligne du front que sont la Syrie, la Palestine et la cible actuelle de l'agression israélienne, le Liban. Ce qui reste du front du refus a résisté tant bien que mal au forcing israélien et de son allié américain. Les autres pays parmi les vingt-deux qui constituent la Ligue arabe vivent des fortunes diverses. Le Yémen s'est retrouvé isolé suite à son appel -dès le début de l'agression israélienne- à la tenue d'un Sommet des chefs d'Etat arabes et les autres à l'image des Emirats et les monarchies du Golfe tiennent déjà leur portefeuille à la main pour un éventuel investissement dans le pays du Cèdre. C'est cette image d'Epinal qu'a l'Occident de ce monde arabe appelé à connaître d'autres défis tant il croule sous les plus importantes réserves mondiales de pétrole. Cette arme qui aurait pu tenir Israël et ses soutiens à carreau est mise de côté.