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Monde arabe
La politique, une affaire de famille
Publié dans Info Soir le 05 - 08 - 2005

Le décès du roi Fahd d'Arabie et l'intronisation de son demi-frère Abdallah relancent le débat sur le système de gouvernance dans les pays arabes. Qu'il s'agisse d'une république ou d'une monarchie, ce système est marqué par la mainmise de la famille.
«Malgré un vernis institutionnel moderne, les sociétés arabes restent largement archaïques, tribales et patriarcales, ce qui explique la mainmise des grandes familles sur le pouvoir», relève le politologue égyptien Hassan Nafee.
L'Arabie saoudite, qui continue de prêter allégeance ce jeudi à son nouveau roi, est un exemple on ne peut plus illustratif. Connu jadis sous son nom géographique d'Al-Jazira Al-Arabia (l'Ile arabe), le pays a pris celui de la famille régnante, les Al Saoud, qui compte actuellement 4 200 princes de sang et quelque 40 000 membres. Elle s'était imposée aux tribus en 1932, en s'alliant à la secte rigoriste islamique wahhabite.
Au Liban, malgré une longue expérience démocratique avant sa mise en tutelle par la Syrie en 1976, les luttes pour le pouvoir des grandes familles (Gemayel, Frangié, Karamé, Joumblatt, Salam, Chaamoun, Arslane) rythment, depuis toujours, la vie politique. L'étoile montante du sérail libanais, Saad Hariri, 35 ans, qui gagné les dernières législatives, s'est abstenu de reprendre l'héritage de son père, l'ancien Premier ministre Rafic Hariri assassiné en février, prétextant de son inexpérience politique. Mais sa famille a imposé un ami de longue date à la tête du gouvernement, le financier Fouad Siniora, proche collaborateur de son père. A Damas, Hafez el-Assad, issu de la secte religieuse des Alaouites, avait imposé de son vivant son fils cadet Bachar comme successeur officiel à la tête de la République, après la mort accidentelle de son fils aîné, Bassel, dauphin initial.
En Egypte et au Yémen, les prémices d'une succession héréditaire se sont fait jour au sein des deux régimes post-nassériens, soutenus par la hiérarchie militaire. Gamal Moubarak, 42 ans, fils cadet du chef de l'Etat, au Caire et Ahmad Ali Abdallah Saleh, 36 ans, aîné du président yéménite, à Sanaa, ont déjà un pied à l'étrier.
A Tripoli, Seif Al Islam Kadhafi fait déjà figure de «dauphin» du guide de la révolution libyenne, son père, Mouammar Kadhafi, promoteur d'un régime original fondé sur les «comités populaires», dont il tire toutes les ficelles. Avant sa chute, le président irakien Saddam Hussein préparait ses deux fils Qossai et Odaï à prendre sa relève. Même dans les monarchies et émirats arabes, où l'hérédité reste la source du pouvoir, les gouvernants n'hésitent pas à truffer de leur parentèle administrations et entreprises publiques. Au Koweït, les ministères de souveraineté sont tous entre les mains de membres de la famille régnante. Seule exception : les Palestiniens, dont les familles, jadis puissantes, dispersées par les guerres, ont perdu de ce fait leur influence sur le pouvoir.


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