Ecrite par Abdelkader Ghellal, enseignant de littérature francophone et comparée à la faculté des lettres, langues et arts de l'Université d'Oran , l'œuvre «Ma destinée était écrite quelque part» est avant tout un cri de révolte, une dénonciation ardente qui fait écho aux pires moments de l'histoire d'Algérie ou à ses plus cruels blocages. L'allégresse narrative et langagière de ce roman apparaît aussi pour ce qu'elle est: une forme de pudeur, une manière de réintroduire de l'humain là où l'intolérance et la haine, la jalousie et le conformisme, se sont ligués pour l'exclure. Mais le tragique, même s'il ouvre grand la parole sur le spectacle de l'honneur, n'est pas exempt d'un certain apaisement, d'une certaine paix de l'âme avec la certitude du triomphe des victimes sur des bourreaux qui ne seront pas parvenus à les réduire. L'originalité de cet ouvrage, édité en France, tient en partie à son caractère déroutant: classique et moderne dans ses rythmes et registres narratifs continus et fragmentés, mêlant à l'art du récit une attention poétique au jeu de mots. C'est d'abord cela, le talent d'Abdelkader Ghellal, que confirme son troisième roman : un rapport de maîtrise et de jeu, avec les codes du récit, qui s'explicite parfois ironiquement et de manière intelligente dans des adresses directes à son lecteur et un irrépressible goût des mots. Originaire de Tighennif (ex-Palikao) dans la commune de Mascara, l'auteur de «La seconde mort de Houria», livre édité à la maison Dar El Gharb, est un chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran. Romancier, poète mais aussi lecteur avisé et critique des romans à succès de Mohamed Yasmina Khadra et de Bouziane Ben Achour, Abdelkader Guellal s'intéresse à cette mouvance de la littérature algérienne, dite en chantier, et qui déroge aux lois du romanesque traditionnel.